En suivant l'historique, on peut constater dès la conquête romaine, que la nature des sols favorise le défrichage.
La forêt recule devant les espaces mis en culture. Francescas est donc dès l'origine au coeur de ce développement rural, qui ne cessera de se transformer et d'évoluer.
Au moyen âge, la terre doit fournir les moyens les moyens d’existence pour ses habitants, les échanges et moyens de communications sont rares et coûteux. Lors de l’établissement des bourgs, le plan général comprend une suite de quadrilatères, permettant la construction d’une maison avec son jardin.
Francescas bien sûr, n’échappe pas à cette règle, les jardins potagères sont indispensables à l’intérieure mêmes des murs pour l’alimentation familiale en cas de siège. Plus tard, Francescas deviendra un lieu de passage et de séjours de très nombreuses troupes militaires, qui vivaient aux dépens des habitants. Les ressources du sol sont absolument nécessaires pour nourrir hommes et bêtes. Il faut attendre le recensement pour mesurer l’importance des « paysans » dans la population franciscaine.
En ce qui concerne l'agriculture, qui emploie la grande majorité de la population, Nérac et son Haut-Pays - la région armagnacaise- ne se remarquent pas par leur type de production. Ce sont, traditionnellement, des pays de polyculture, chaque paysan produisant lui-même ce qui est nécessaire à sa substance et n'achetant que le minimum, quelques outils ou quelques vêtements. La vigne existe mais peu développée et essentiellement destinée à la consommation locale, le vin ne sortant pas les limites de la subdélégation, sauf transformé en eau-de-vie "pour le commerce du nord" comme en témoigne encore le rapport de l'inspecteur Latapie qui a retrouvé à Nérac "Monsieur d'Arenzan, qui s'appelle aujourd'hui Monsieur d'Andiran, du nom de sa terre, et qui, faisant beaucoup d'eau-de-vie, désirerait qu'on fit usage d'une autre méthode pour les juger, les goûteurs actuels décidant au hasard". Cependant, la région de Buzet, qui porte aujourd'hui un vignoble d'appellation très étendu, ne semble pas, à l'époque, posséder plus de vignes que les environs.
(Pourtant, au Moyen-Age jusqu'à la Renaissance, les vins de cette région était bien plus célèbre que les vins de Bordeaux)
Un peu de vigne donc, un peu d'élevage également pour assurer les travaux domestiques. Chaque petit faisandier (Personne qui élève des faisans) possède sa paire de vaches qu'il nourrit comme il peut, car les prés sont rares et demandent une surface utile aux autres cultures. Lors des grandes épidémies qui sévissent chez les bestiaux, comme l'épizootie de 1775-1776 qui a ravagé presque toutes les étables du néracais, ces petits paysans sont très touchés par la perte "d'une vache", qui constitue pour eux un irremplaçable capital-travail. Cette perte est moins ressentie par le propriétaire noble ou bourgeois qui possède un bétail plus nombreux. L'importance de ce petit élevage explique l'inquiétude des maires et consuls du condomois qui demandent à l'intendant que l'exportation des grains vers l'Espagne soit autorisée, car les "magasins sont plein et les paysans ont besoin de se refaire un peu" (nous sommes en novembre 1775 et l'épizootie n'est pas terminée) de manière à pouvoir acheter de nouvelles têtes.
Quant aux prairies artificielles, en dépit d'encouragement il n'apparait pas qu'elles soient bien répandues. En effet, intendant et subdélégué essaient bien de développer ces cultures ( le subdélégué fournissant lui même les semences) mais avec peu de succès sauf pour le sainfoin "qui féconde mieux et chauffe moins les bestiaux que la luzerne". La principale cause du manque de prairies artificielles réside encore dans la structure agraire, "les métayers, avec des baux de cinq à six ans, n'ayant ni capitaux, ni envie d'améliorer le système de culture". Cependant, l'essentiel des cultures, en dehors des légumes pratiqués sur des petites surfaces mais très importants pour l'alimentation (essentiellement fèves, haricots, petits pois et vesces est constitué par les "bleds").
Ces bleds sont nombreux et variés : de l'orge et l'avoine, mais en petite quantité, car ces deux produits sont réservés au bestiaux surtout du méteil, du seigle et du maïs, ou blé d’Espagne qui paraît encore peu développé.
Si les bleds sont nombreux et variés, le blé reste parmi eux, cependant, le plus important. Moins aléatoire que le maïs (il nécessite moins d'eau et moins de travail), il donne, par rapport aux autres, de meilleurs rendements car les sols sont assez fertiles pour produire les récoltes assez bonnes sans trop de fumures. Le blé constitue donc la base essentielle des cultures des collines du néracais et de son haut pays. Il sert évidemment à l'alimentation et, fait très remarquable, cette région partage avec certains pays de la Moyenne Garonne (pays situés entre le Lot et la Garonne dans le triangle Clairac-Fumel-Moissac) et du Languedoc, le rare privilège d'avoir en année commune, un excédant de blé qui peut être commercialisé.
On sait, en effet, que la généralité de Bordeaux a souffert pendant la XVIIe siècle, d'une insuffisance chronique de céréales panifiables. L'intendant Esmangart (1770-1775), en particulier, a été préoccupé par cet état de choses, et, a toujours redouté d'avoir à trop faire appel "aux grains étrangers". C'est pourtant lui-même qui reconnait, le 13 septembre 1774, que les "élections d'Agen et de Condom" où l'excédant de cette denrée fait l'objet de ressource pour les habitants dans une bonne année", ceci en dépit de la grande quantité qui "s'en consomme dans le pays".
Cette importance diminuait selon la baisse des habitants.
Francescas chef-lieu de canton du département de Lot et Garonne renommé pour sa race de moutons
(contes et proverbes
populaires - recueillis en Armagnac par Jean-François Bladé 1867)
1851:
Productions.
Beaucoup de blé froment et peu de seigles ; des avoines et mais ; légumes et menus grains ; lins et chanvres ; pomines de terre et betteraves ; vins , prunes et fruits de toute espèco ; foins et fourrages ; bestiaux de grosse et menue corne ;
chevaux, ànes, mulets et cochons ; peu de laine ; bois
de chauffage et de construction.
La situation agricole évolue à Francescas au 19ième siècle, certes comme partout ailleurs, l’outillage s’améliore et s’enrichit, mais on ne peut pas encore parler de véritable modernisation. Pour celle-ci il nous faut attendre les toutes dernières années du 19ième siècle et le début du 20ième siècle pour assister à la naissance de cette formidable mécanisation, qui va bouleverser les moyens de culture.
Cette incroyable évolution, qui ne va cesser de s’accélérer tout au long du 20ième siècle. L’habitat s’était considérablement amélioré dans la deuxième moitié du 19ième siècle. Ceci indique une certaine aisance financière chez quelques propriétaires. C’est à cette époque que surviennent les changements.
Les familles s’installent au hasard des mariages ou autres facteurs. Le nombre de métayers et fermiers diminue, quand celui des propriétaires exploitants et domestiques agricoles augmente.
Le lourd tribut payé par la population agricole à la guerre 1914-1918 est bien connu.
La première trace de mécanisation date de cette fin du 19ième siècle avec l’apparition de javeleuses, qui coupaient le blé et lassaient tomber la javelle prête à lier. Jusqu’alors on fauchait les blés à la faux ou à la faucille. Ce qui était valable pour les céréales l’était aussi pour les foins ou fourrages.
Au même temps arrivaient de l’Amérique lointaine les premières faucheuses tractées par les attelages de vache.
En 1901, sont apparus les premiers syndicats ou coopératives. A Nérac, le premier syndicat fut l’œuvre de la famille Labadie, c’est l’arrière-grand-père des actuels gérants (frères et sœurs), qui en fut le créateur. Il est bien évident, que le magasin a changé de forme, de statuts et de raison sociale, mais il n’a pas changé d’emplacement, ni de nom. Comme au début, on ne va pas au « Syndicat », on va toujours chez Labadie.
Premier marche d’un incroyable essor, qui ne va pas cesser de croître. Les premières moissonneuses lieuses arrivent à Francescas dans l’immédiate avant-guerre, vers 1910, ainsi que les faneuses, râteaux etc.
Les conséquences de ce début de mécanisation sont nombreuses, tout d’abord la rapidité d’exécution, la diminution de la pénibilité, l’amélioration des rendements, mais aussi la diminution du nombre des participants. On peut voir le point de départ de la diminution des effectifs agricole, qui ne va faire que continuer.
C’est également la disparition de quelques métiers saisonniers : les « faucheurs », qui se louaient de ferme en ferme et parfois de région en région, selon la précocité des récoltes et selon le climat.
Considérations générales, certes, mais qui restent valable pour Francescas.
La première coopérative agricole sur la commune date de 1922. Voici la composition du bureau :
Président : Amédée Joseph à Perou Francescas
Secrétaire : Dupouy à Larroques, Lasserre
Trésorier : Bousquet et George à Lassale Fieux
Chauffeur pour les labours : Mirasson à Pessay Francescas
Chauffeur pour battages : Alban Daugé à Francescas
Le premier achat est un tracteur R.I.P.
En 1924, achat par la coopérative d’un batteur à blé « Cusson à chaine », qui se déplaçant difficilement obligeait les coopérateurs à porter leur blé sur l’aire, où il était installé.
Vers 1935, apparition des batteuses et tracteurs plus puissantes, les presses à paille arrivent un peu plus tard vers 1939. De nombreux entrepreneurs avaient fait l’achat de ces machines et sillonnaient la commune avec ce matériel de battage roulant.
En 1936, Mr. Louis Barrère membre de la Coopérative Agricole de Francescas.
Les premières moissonneuses batteuses arrivent vers 1950. Les premiers tracteurs franciscains étaient : 1928 Clément Amédée, un « Fordson ; 1931 Albert Jougla, un « Deering « ; 1931 Arthur Trauquessegues, un « Moune » ; 1935 Gachedoit, un « Fordson ».
En 1964 est créé une concession des moissonneuses-batteuses et des machines à vendanger Braud par Mr. Soucaret
La première CUMA (coopérative d’utilisation de matériel agricole) est créée peu avant 1950, Messieurs Laborde, Labat, Despeyroux , Amédée, Farre et quelques autres suivront peu après comme :
Messieurs Bousquet, Launet, Gouget, Pereuil, Di Guisto, Popeck, Gachedroit, Gilbert Amédée, Fabra, Jean Jougla, Jean Quiquerez.
Cette autre étape de modernisation avec la généralisation de la traction mécanique en particulier aura les mêmes conséquences que les premières : augmentation des rendements, diminution de la pénibilité et du personnel. La suppression de la traction animale diminuera le nombre de bêtes dans les étables, le nombre d’heures de travail consacrées à cet élevage et les mauvaises conditions de rentabilité amèneront la suppression totale du bétail. Sue la commune, seul Monsieur Angelo Chiesa, négociant en bestiaux de son état, conserve quelques bêtes.
Autre conséquence importante : la disparition des derniers fermiers ou métayers. Les exploitations s’agrandissant, les propriétaires non exploitant confient leurs fermages soit à des voisins à la recherche des surfaces à cultiver, soit à des entrepreneurs.
Un autre changement très important se situe au niveau des cultures. La polyculture du début de siècle consiste en céréale, prairie et vignes. La mécanisation entraînera la disparition des prairies. La vigne, demanderesse de beaucoup de travail pour un rendement médiocre à cette époque, disparaîtra peu à peu.
Le dernier quart du 20ième siècle verra apparaître des cultures sous plastiques, melons, fraises, courgettes. Apparition également des serres. La polyculture de Francescas est donc composée en l’an 2000 de céréales ( soja, blé, colza, maïs, tournesol) et cultures sous plastiques, tunnels, serres ou plein champ, qui nous donnent des melons, des fraises, des courgettes, mais aussi des tomates, des salades et même choux de Bruxelles.
Ajoutons pour compléter cette liste de graines de betteraves pour l’industrie sucrière du nord de la France. La culture du tabac fait une timide apparition, mais a complètement disparu du paysage communal.
L’apparition des cultures nouvelles en fruits et légumes ont provoqué la création de nouveaux organismes pour permettre l’écoulement et la commercialisation de leur production. Les franciscains ont participés à la création de la COOP de Fieux, ou Marché Cadran de Nérac, où ils sont participants actifs. Création également sur la commune d’unités de conditionnement (Pilat), qui emploient une main d’œuvre saisonnière ou permanente. La création ou implantation au ‘Jardin’ d’une usine de traitement de graines de semence avait paru aux yeux de beaucoup particulièrement utopique et farfelue. Depuis sa création, les bâtiments ne cessent de s’agrandir, les activités d’augmenter et il est de même pour le chiffre d’affaires. Nous avons le plaisir de trouver particulièrement bien placée (18ième rang) ‘Epi de Gascogne’ dans le palmarès des entreprises d’Aquitaine en performances.
L'agriculture biologique arrive à Francescas.
La société EARL de Chartreux a décidée de gérer ses terres à partir de 2018 d'une manière biologique, une méthode de production agricole qui exclut le recours aux produits chimiques de synthèse, utilisés notamment par l'agriculture industrielle et intensive.
C'est une décision presque historique, car tous des domaines autour de Francescas appliquent encore l'agriculture intensive.