Soucaret, un train de sénateur
Publié le 07/10/1998 (La Dépêche)
Aujourd'hui sont désignées les commissions au Sénat. A cette occasion, rencontre avec Raymond Soucaret, maire et conseiller général de Francescas. Sénateur aussi depuis 17 ans, il a su garder sa simplicité d'homme de la terre et son franc-parler.
Qui pourrait croire que l'homme qui va vous faire le plein d'essence alors que la jauge de la voiture est au plus bas, sur une petite route de l'Albret, est aussi sénateur. Raymond Soucaret est ce personnage et même un personnage. Issu du monde rural qu'il aime représenter au palais Bourbon, il est connu pour son franc parler qui roule de son accent Gascon.
Et le Sénat pour ce dernier, est déjà une longue histoire puisqu'il a été élu en janvier 1981, à la suite du décès du sénateur Bordeneuve dont il était le suppléant. «J'ai terminé le mandat, souligne l'intéressé.
Puis, avec comme suppléant Charles de Cacqueray, nous avons été réélu en 1983, puis une nouvelle fois en septembre 92».
Du Sénat, il en connaît chaque coin et recoin et toutes les histoires, la dernière en date bien sûr, étant le chambardement à la présidence, avec l'avènement de Christian Poncelet. «Cela a été la surprise car bien des sénateurs pensaient que Monory serait réélu. J'étais de ceux là».
Autodidacte
Hier et aujourd'hui, Raymond Soucaret et ses 320 autres pairs, vont élire les différents présidents et bureaux des commissions. «La commission des affaires économiques, est celle où je me sens le mieux, car on y parle de tout et en particulier de l'agriculture et de la ruralité».
Le sénateur confie volontiers qu'il est un «autodidacte» et que cette fonction est «enrichissante. On est au contact de gens chevronnés de la politique, comme des anciens ministres. Ils ont une longue expérience politique et on peut apprendre beaucoup auprès d'eux et en tirer le meilleur profit pour le pays».
Et lorsqu'on lui demande de regarder dans le rétro, il souligne : «Je crois avoir beaucoup travaillé. Je ne sais pas si j'ai bien travaillé, mais mes prises de positions ont été quelques fois retenues dans le sens que je souhaitais».
A l'image d'un amendement permettant aux petites communes de se rassembler pour l'eau et l'assainissement pour faire jouer la solidarité. «J'interviens tous les ans sur les budgets de l'agriculture, cette année sur la loi d'orientation agricole. Le PACS, je voterai contre et je soutiendrai quelques amendements préalables à ce vote».
Question d'âge
Le mandat de Raymond Soucaret s'achèvera en 2001 mais il n'est guère disert pour ce qui sera de l'après : «il faudra voir l'âge et l'évolution de la politique. Il n'y aura peut- être plus de Sénat parce que Jospin veut le supprimer. Pourtant le Sénat est utile à la nation. Nous sommes beaucoup moins fougueux et beaucoup plus réalistes que nos collègues de l'assemblée nationale. Le pays a besoin de leur sagesse, même si parfois on caricature en transformant la sagesse en paresse».
A propos du rajeunissement des cadres, il lâche. «Bien sûr qu'il faut, mais il faut aussi calmer le jeu. Je pense que les gens aspirent à un changement de figure. Il ne faut pas tout mettre sur l'âge». Enfin concernant la limitation du cumul des mandats, le sénateur le conçoit «mais qu'on prenne certaines précautions, car qui en haut lieu prendra les décisions ?».
Mais avant de reprendre l'avion pour Paris, le sénateur qui est aussi maire de Francescas, a géré les affaires communales. «On ne peut être présent à 100 % au Sénat. heureusement il y a des facilités quant à l'organisation et les dossiers sont programmés. Ce qui permet de faire des choix les plus nécessaires. Ce qui m'a permis de pouvoir continuer à m'occuper de mes affaires en levant un peu le pied.
Depuis que je suis sénateur, j'ai arrêté la vente de machines agricoles. Mon entreprise et mon exploitation ont été mises en société dont je ne suis plus le patron». Et si on indique qu'il perçoit une indemnité très correcte, de souligner «pour quelqu'un qui avait des activités comme les miennes, il y a un manque à gagner». Mais cela ne l'empêchera pas dimanche, d'aller soutenir l'équipe de basket du village dimanche ou de faire le plein de gazole..