Publié le 11/12/2016
Une vie consacrée à Francescas
Le portrait du dimanche

Laborde et Cabaup

Paulette Laborde avec celui qui est venue la chercher, pour le basket et la politique, Daniel Cabaup./Photo DDM G.B.

Du haut de son mètre quatre-vingt-quatre, Paulette Laborde impressionne. Un pas en dehors de la mairie de Francescas, elle est arrêtée tous les deux mètres par un de ses administrés. Ils savent qu'elle est accessible, et qu'elle trouvera toujours une solution. Il faut dire que, depuis le temps, elle connaît du monde. Paulette Laborde est née à Francescas, a grandi à Francescas, travaille à Francescas et est élue à Francescas. Agricultrice, Paulette Laborde a repris l'exploitation familiale de ses parents quand ils ont fait valoir leurs droits à la retraite. Mais elle s'est fait connaître des Franciscains par un autre biais, celui du basket. «Le sport est arrivé tard dans ma vie, vers 17 ans» se souvient la première magistrate. «On est venu me chercher, car tout le monde pensait que ma taille était un atout. C'est plus précisément Daniel Cabaup qui m'a demandé d'intégrer le club franciscain. Ça a marché, car je n'ai arrêté qu'à l'âge de 30 ans. J'ai été courtisée, en quelque sorte, par d'autres clubs. Mais je ne suis jamais partie du club de basket de Francescas.» Elle a présidé ce club pendant quelques mois, mais c'est la joueuse qui reste dans la mémoire des spectateurs et aficionados de basket. Et même après avoir arrêté, elle continue à être une adepte de ce sport.

Mais les habitants de Francescas, et de l'Albret plus généralement, ont commencé à la connaître à partir du moment où elle s'est engagée en politique. Et devinez qui est venue la chercher ? Daniel Cabaup, une nouvelle fois. «C'est lui mon père politique et sportif ! J'ai été élue pour la première en 1976, j'avais 22 ans.» C'est à ce moment-là qu'elle commence à se forger auprès de Raymond Soucaret, maire de la ville de 1968 à 2014.

«Je n'ai jamais voulu être maire !»

«C'est lui qui m'a tout appris. On avait une confiance mutuelle. Au cours des différents mandats, j'ai été sa troisième, sa deuxième, sa première adjointe. Et en 2014, il m'a demandé de le remplacer, de me présenter, car il avait 91 ans. Mais je n'ai jamais voulu être maire. Je n'aimais pas les discours, je n'étais pas dans mon élément.». Puis elle s'y est résolue, et a été élue en 2014. Depuis, elle dirige cette commune de 719 habitants. Selon elle, pour être un bon maire, «il faut être au plus près des gens, être à l'écoute. Ici, c'est un petit village qui a tout. Mais ça devient compliqué car il y a de moins en moins de sous.» Elle évoque notamment son prédécesseur. «Lui, en étant sénateur et maire d'une petite commune, il connaissait les problèmes des vraies gens. Il ne voyait pas la France dans des papiers, comme la plupart des politiques et hauts fonctionnaires qui sont à des postes stratégiques.» Alors elle se bat pour sa commune. Notamment au sein de l'intercommunalité. Elle est d'ailleurs la seule femme autour de la table des maires de la communauté des communes des Coteaux de l'Albret. Mais cela n'a jamais posé de problème. «En tant que femme politique, je n'ai jamais eu besoin de m'imposer. Ça n'a jamais été compliqué car on travaille à petite échelle, tout le monde se connaît.» La locataire de la mairie de Francescas a un avis tranché sur la question de la parité en politique. «C'est très bien. Mais ce qui me gêne, c'est de forcer les gens. Obliger une femme à se présenter si elle n'a pas envie, ce n'est pas la peine. Il faut encourager celles qui ont envie.» C'est ça aussi Paulette Laborde, c'est la franchise, même si ça la dessert de temps en temps. «Je dis toujours ce que je pense, que ça plaise ou non. Il faut que ça sorte. Parfois, il y a des engueulades, mais ça permet de remettre les choses à plat et de repartir sur de bonnes bases.» Son avenir, elle veut le dédier aux Franciscaines et aux Franciscains, même si rien n'est sûr. «En 2020, nous verrons bien ce qui se passe. En tout cas à Francescas. Car il n'y aura aucun autre avenir ailleurs.»

Reconnaissante envers ceux qui lui ont tendu la main, encouragée et poussé vers des directions inexplorées, Paulette Laborde n'oublie pas d'où elle vient. Et c'est sûrement cet aspect de sa personnalité qui est le plus apprécié par les habitants de Francescas, ce village qui lui a tant donné.

Maire de Francescas depuis 2014, Paulette Laborde n'a jamais quitté ce village des Coteaux de l'Albret. Une femme franche, directe, qui met tout son temps au service de ses administrés.
Guillaume Béars