L'intervention des gendarmes garantie dans la demi-heure
Publié le 20/10/2001 (La Dépêche)
Si les gendarmes ont longtemps été rompus à une culture rurale, ils ont du faire face à une délinquance périurbaine.
Les villes gangrènent les périphéries et les zones rurales par le truchement des axes routiers qui facilitent la mobilité. Prétendre que la délinquance n'est qu'exclusivement « importée » relèverait de la gageure, la délinquance peut se déplacer, comme s'ancrer localement. Si les différents de famille et autres querelles de voisinage ont longtemps été le pain quotidien des gendarmes, les militaires ont été confrontés ces dernières années à la montée en charge des délits de voie publique.
A nouvelle forme de délinquance, nouveau dispositif.
Une juste adéquation des moyens au besoin de sécurité des populations, en fonction des réalités de la délinquance, telle est la quintessence de la sectorisation mise en oeuvre le 1er juin 2000 au groupement de gendarmerie de Lot-et-Garonne. Cette nouvelle organisation du service obéit à une plus grande souplesse, en s'adaptant à un secteur à l'aulne de sa géographie, de sa population et de sa délinquance.
La concentration de l'activité de plusieurs unités (ou brigades) au sein d'un même secteur, a pour traduction immédiate une mutualisation des moyens. Sans remettre en jeu la qualité du service public et la sacro-sainte mission de proximité, la sectorisation permet d'accorder en outre au personnel les droits à repos, permissions et quartiers libres. Les esprits chagrins ont bien voulu voir dans cette refonte, une désaffection de la présence des gendarmes sur le terrain, sous couvert d'une présence à géométrie variable. Tordant le cou à des procès d'intention, la sectorisation veut garantir en toutes circonstances la permanence de l'intervention sur les événements dans un délai n'excédant pas les 30 minutes (99,4 % des interventions de nuit). Rares exceptions faites des difficultés de localisation ou d'interventions simultanées.
« PREMIERE A MARCHER »
Bien évidemment, cela n'affecte en rien le principe du maillage territorial qui prévoit une brigade de gendarmerie par canton en zone rurale (37 brigades territoriales réparties au sein de quatre compagnies: Agen, Marmande, Nérac, Villeneuve sur Lot, ont été associées pour former 12 secteurs). Concrètement en Lot- et-Garonne, deux, trois, voire quatre brigades sont associées dans une structure fonctionnelle. Chaque unité assure de façon autonome l'accueil du public. Journellement, une brigade est désignée comme « unité d'intervention » ou « Première à marcher 1 » dans le jargon militaire. Une à trois équipes, selon l'importance de l'unité, assurent les interventions sur l'étendue des circonscriptions qui lui sont associées.
La deuxième unité dite « de renfort » (cas du trinômage) ou « première à marcher 2 », fournit une équipe d'intervention engagée en lieu et place de la première unité, si les circonstances l'exigent. Cette équipe est plus particulièrement chargée de la surveillance générale. La troisième unité (cas du trinômage) ou la deuxième unité (cas du binômage) est en astreinte. Cette unité dite de « veille » n'assure pas en principe les interventions mais peut cependant constituer une réserve pour le secteur en cas d'événements graves. Le dispositif déployé ne saurait être exhaustif sans les deux brigades de recherches, les deux pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie et le troisième bientôt opérationnel, trois brigades motorisées, deux pelotons d'autoroute et une brigade rapide d'intervention. Au cours des neuf premiers mois de l'année 2001, deux à cinq patrouilles en moyenne selon le secteur, ont assuré de nuit (entre 20 heures et 8 heures) la surveillance générale et l'intervention. « En tout état de cause, pas moins d'une patrouille est présente par nuit dans chaque secteur », précise le lieutenant-colonel Dominique Leblond. Si les vallées de la Garonne et du Lot concentrent une forte proportion de délinquance et si des indicateurs clignotent à Tonneins, Aiguillon, Fumel, Nérac, Casteljaloux, Sainte- Livrade, Clairac et en périphérie agenaise, le commandant du groupement ne noircit pas pour autant le tableau: « Avec + 12.77 % d'augmentation de crimes et délits en 2000, le département reste bien situé par rapport aux autres groupements de la région militaire. Le taux d'élucidation fixé à + 42.19 % se maintient ».
Caroline SAINT-PIERRE.
Ruralité rime avec modernité
L'image que chacun se fait d'une petite unité de gendarmerie est plus ou moins erronée. La petite gendarmerie rurale existe bel et bien mais de manière différente grâce à la sectorisation qui a été mise en place depuis le 1er juin 2001. « C'est une mutualisation des effectifs et du matériel sur des secteurs définis. Le Villeneuvois est divisé en quatre secteurs, dont les unités travaillent soit en binôme, soit en trinôme », explique le capitaine Yvan Pentscheff, commandant la compagnie, avec à ses côtés le major Jean-Claude Degaugue, responsable du secteur Villeneuve, Monflanquin, Penne-d'Agenais, et l'adjudant Bernard Michels, commandant la brigade de Penne-d'Agenais. Ces regroupements par secteur ont donc permis de maintenir toutes les unités mais également de réactualiser la répartition des gendarmes dans les différentes brigades. Ce système permet aux hommes, tout en étant toujours au plus près de la population, de pouvoir traiter des affaires plus importantes, ayant tous une habilitation juridique, et notamment d'intervenir plus rapidement sur des événements. « Tous les jours, nous vérifions les délais d'intervention. Nous mettons en moyenne entre quinze et vingt minutes pour nous rendre sur les circonscriptions voisines », indique le major Degaugue. Et entre cinq et dix minutes quand les gendarmes sont en patrouille dans le secteur. Des patrouilles qui se font tous les soirs en première partie de nuit, relayées par celles du PSIG en deuxième partie.
100 GENDARMES POUR 4 SECTEURS
Le plus dur étant d'expliquer à la population qui connaissait les gendarmes de son village qu'elle devait prendre l'habitude de côtoyer ceux de la circonscription. « En cas de fait marquant, il y a toujours un représentant de la brigade locale. La proximité est conservée », expliquent de concert les trois gendarmes, attachés à conserver la qualité de travail. « Dès qu'un fait important se déroule, les brigades bénéficient des renforts de la brigade de recherches à Agen, du PSIG, de la brigade motorisée », souligne le capitaine Pentscheff, précisant que 100 gendarmes sont répartis sur Bias- Sainte-Livrade-Monclar, Fumel-Tournon, Cancon-Castillonnès-Villeréal et Villeneuve-Monflanquin-Penne.
Un rôle important auprès de la population qui s'accroît durant le week-end. « 70 à 80 % des interventions portent sur les différents familiaux où nous devons dialoguer énormément avec les personnes que nous avons en face », souligne l'adjudant Bernard Michels. Jour et nuit, la priorité est donnée au contact. C'est aussi cela, la gendarmerie de proximité.
J. F.
COG: le nerf de la guerre
De 19 heures à 7 heures le lendemain matin, tous les appels téléphoniques du département convergent au Centre Opérationnel de Gendarmerie. 100 appels en moyenne par nuit (altercations, différends, accidents, tapages nocturnes, dégradations, vols, alarmes...). Les militaires du COG régulent les interventions en actionnant les unités compétentes sur le secteur donné. La journée, ce sont les différentes brigades territoriales qui reçoivent directement les communications. Toutefois les 17 composés sur les portables GSM parviennent au COG.
24 heures ordinaires de la vie d'un gendarme de Tonneins
Huit heures. La brigade de Tonneins ouvre ses portes. Un gendarme chargé de la permanence de l'accueil du public prend connaissance des événements de la nuit et des messages. Toute la journée il a reçu 43 personnes, une centaine d'appels téléphoniques et a recueilli une plainte pour un vol par effraction dans une résidence, une plainte pour menaces de mort, des déclarations de perte de documents administratifs, l'audition d'une personne responsable d'infractions aux transports routiers, a procédé à des recherches en vue d'identification du propriétaire d'un chien perdu, contacts pris avec le parquet de Marmande pour la rétention d'un permis de conduire, appels reçus émanant de personnes désirant renseignements, signalant des faits particuliers, de militaires d'autres brigades ou de services de police. Faits marquants: agression d'une personne vulnérable au cours de la nuit écoulée, accident de la circulation, dégradations sur propriété agricole, destruction de récoltes. Ce militaire a procédé à la fermeture des bureaux à 19 h 30 puis a regagné son domicile où il a assuré une astreinte jusqu'à 8 heures le lendemain.
La soirée et la nuit qui ont suivi ont été émaillées par les faits suivants sur le secteur Tonneins, Le Mas d'Agenais, Castelmoron, Clairac:
19 h 03: interpellation d'un individu en train de cambrioler à Coulx.
20 h 58: Accident de la circulation sur la RN 113 à Tonneins.
23 h 20: Différend conjugal à Laparade.
23 h 55: Tapage nocturne au Mas d'Agenais.
1 h 40: Rodeur à Tonneins.
3 h 39: Individu importunant son ex concubine.
L'occupation du terrain
Compagnie d'Agen, trois secteurs: Trois trinômes: Brigades d'Agen, Astaffort, Laplume; Aiguillon, Port-Sainte-Marie, Prayssas; Beauville, Laroque-Timbaut, Puymirol.
Compagnie de Marmande, trois secteurs:
Un trinôme: Duras, Miramont-de-Guyenne, Seyches.
Deux quadrinômes: Marmande, Bouglon, Cocumont, Sainte-Bazeille; Castelmoron-sur-Lot, Clairac, Mas-d'Agenais, Tonneins. Une brigade est d'intervention, deux sont de renforts, la dernière est de veille.
Compagnie de Nérac, deux secteurs:
Un trinôme: Casteljaloux, Damazan, Houeilles.
Un quadrinôme: Nérac, Francescas, Lavardac, Mézin.
Compagnie de Villeneuve-sur-Lot, quatre secteurs:
Deux binômes: Monclar, Sainte-Livrade-sur-Lot; Fumel, Tournon-d'Agenais.
Deux trinômes: Villeneuve-sur-Lot, Monflanquin, Penne-d'Agenais; Cancon, Castillonnès, Villeréal.