Lot-et-Garonne. OGM : « Encore trop d'opacité »
Publié le 06/07/2007
Une carte du Lot-et-Garonne est étalée sur la table sous l'auvent de la maison de Patrick de Kochko, agriculteur bio et membre de « Alerte OGM », sur le plateau entre Port-Sainte-Marie et Galapian. Maurice Coudoin, apiculteur en guerre contre les « maïsiculteurs transgéniques » montre de petits cercles de couleurs : « Là, ce sont mes ruchers. Autour j'ai tracé un disque de 3 km de rayon, soit le rayon d'action, a minima, d'une abeille. Si on compte qu'aujourd'hui dans le département il y a 250 apiculteurs pour 13 350 ruches et 775 emplacements déclarés, qu'on me dise où il est possible de nous installer sans risquer de faire butiner nos cheptels sur du maïs OGM ? ».
Depuis que le site ogm.gouv.fr a rendu public le registre des cultures OGM mercredi après-midi (La Dépêche du Midi d'hier), on sait que qu'un peu plus de 2 % des champs de maïs cultivés (1 075 ha sur 46 000 au total) sont des OGM, répartis dans 28 cantons sur 40. « 1 000 hectares à l'échelle du département c'est rien », reconnaît Patrick de Kochko. « Mais c'est suffisant pour polluer presque tout le monde. Le risque de contamination des parcelles bio ou conventionnelles est d'autant plus grand qu'on ne sait pas avec précision où sont les parcelles OGM. Et le problème c'est qu'on est sûr qu'en ayant une parcelle OGM à côté d'une parcelle e maïs doux, cette dernière sera inévitablement contaminée ».
« pour ou contre les OGM sur vos cantons ? »
Le seuil de tolérance pour la commercialisation est de 0,9 % pour la filière classique. « Mais pour le bio, la tolérance c'est zéro ! », renchérit Patrick qui craint comme tous les agriculteurs bio que les OGM mettent en péril leur filière. une inquiétude partagée par les apiculteurs.
Le problème serait même plus vaste : « Les maïsiculteurs n'ont pas besoin des abeilles pour féconder leurs cultures. Que les larves abeilles soient rendues malades par le maïs OGM les indiffère. Mais l'abeille est indispensable pour féconder les kiwis, les pruniers, etc. Si on la fait disparaître, on va droit vers une monoculture. Le tout avec la complicité des pouvoirs publics car la publication par canton des cultures OGM est largement insuffisante. Il y a encore beaucoup trop d'opacité. Et la France risque d'ailleurs une amende de 42 millions d'euros de l'UE pour cette entrave au droit d'information ». En attendant, Claude Favre, membre du SIVAM Agro-bio interpelle, lui, les élus : « Maintenant que les conseillers généraux sont au courant des cultures OGM sur leur canton, il me paraît légitime qu'ils se positionnent clairement. Êtes-vous pour ou contre ces cultures sur vos territoires ? »
les réactions
Christian Lussagnet, conseiller général du canton de Francescas : « Très honnêtement, je n'étais pas au courant du fait qu'il y avait des parcelles de cultures OGM sur le canton et apparemment d'après ce que je découvre, sur Francescas. Je l'apprends mais jamais, en qualité d'élu je n'en ai été informé. Je ne sais pas si les maires l'ont été sur leurs communes car sur la mienne il n'y a pas ce type de culture. Mais une chose est sûre c'est qu'en qualité de conseiller général du canton de Francescas, je n'ai pas été informé de telles pratiques culturales. J'ajouterai ensuite que sur ce sujet des organismes génétiquement modifiés, je ne me suis pas encore forgé une opinion, ni en bien, ni en mal ».
Michel Esteban, conseiller général d'Astaffort. « Officiellement, je n'étais pas au courant. Certains bruits couraient toutefois. Cela ne m'étonne pas. Le simulacre continue et je plains les agriculteurs qui se prêtent au jeu. Ils deviennent esclaves de Monsanto. Et, en cas de dérapage, on paiera tous les conséquences. Il ne faut pas oublier les agriculteurs bio, qui sont nombreux dans mon canton. Comment peuvent-ils revendiquer une agriculture biologique dans ces conditions ? Je maintiens la position prise récemment ; on doit appliquer le principe de précaution, informer les consommateurs et ce n'est pas le cas, instaurer un débat. Nous sommes favorables aux essais OGM, mais pas de plein champs et surtout pas à ce développement du transgénique. »
Jean-Louis Confolent, conseiller général du Mas-d'Agenais. « Je ne crois pas à cette information, je n'ai pas été informé et cela me gêne un peu. Si cela est le cas, je souhaite de la transparence. Mais je vois mal, dans le milieu diffus comme celui de mon canton, un ou plusieurs agriculteurs semer ce type de culture. Ce ne serait pas raisonnable. »
Raymond Girardi, conseiller général de Bouglon : « Il est difficile de savoir combien d'hectares ont été cultivés OGM. C'est très subjectif. Mille hectares dans le département, cela me paraît être une sous-estimation, surtout quand on connaît le poids de la culture du maïs dans le département, surtout dans la vallée de la Garonne. Pour ma part, je n'ai pas été officiellement informé ».
Michel de Lapeyrière, président de la chambre d'agriculture : « Nous avons voté une motion nuancée en trois points concernant les OGM. Il faut savoir si les consommateurs en veulent. On doit également s'interroger sur les opportunités que cela peut générer en matière de revenus pour les agriculteurs. Et il faut que les scientifiques soient précis. Comment voulez-vous qu'un simple président de chambre comme moi puisse s'exprimer alors que les grands experts ne sont pas d'accord entr'eux sur le sujet ».
Claude Fabre, président du Civam agrobio : « Les conseillers généraux sont désormais au courant. Ils doivent faire en sorte de permettre l'information des habitants ».