Pétanque : une nouvelle réglementation veut limiter l’alcool pour ne pas perdre l’esprit des boules
Depuis janvier, la Fédération Française de Pétanque et de Jeu Provençal a diligenté des contrôles lors des tournois, manière d'intensifier la lutte contre les pétanqueurs ivres.
« Mais ils sont fous ! On ne sert pas d’alcool, on ne propose que de la bière chez nous » lâche une dirigeante de club dont nous tairons l’identité. C’est dire si la Fédération Française de Pétanque et de Jeu Provençal (FFPJP) s’attaque à un réel problème.
Pour améliorer l’image
C’est incontestablement dans un le souci d’améliorer l’image du sport que cette nouvelle réglementation a été instaurée. En effet, depuis le mois de janvier dernier, les responsables fédéraux ont décidé de lancer des contrôles d’alcoolémie lors des tournois officiels.
C’est simple: un joueur qui présentera un taux supérieur à 0,5 gramme d’alcool par litre de sang ne pourra pas jouer », explique le président du comité départemental de Lot-et-Garonne, Guy Sartor « Et si la partie a débuté et que l’éthylostest affiche un taux positif, le joueur sera exclu du tournoi ».
Une décision fédérale prise « pour améliorer l’image de la discipline ». « C’était en vue d’être désigné discipline olympique », poursuit le président départemental.
Les instances nationales ont voulu prendre des décisions fortes. Pour réaliser ces contrôles, les comités départementaux doivent désigner des contrôleurs. « Des personnes seront habilités pour diligenter ces contrôles et faire souffler », explique Guy Sartor. Cependant, l’élu est loin d’adhérer à ce procédé « C’est du n’importe quoi. C’est trés controversé ».
Il est vrai que le département n’est pas confronté à des problèmes liés à l’alcool comme c’est le cas, par exemple, en Haute-Garonne où cela a dégénéré, en mars dernier, du côté de Tournefeuille. « C’est pour prouver que la pétanque se tient bien. Mais elle se tient bien. Evidemment qu’il y a quelques brebis galeuses. Mais il ne faut pas généraliser » regrette le président qui souligne que « le Lot-et-Garonne est un département calme ».
Lire aussi : Manche : les premiers contrôles d’alcoolémie sur les terrains de pétanque
La pétanque veut garder cette image conviviale diffusée lors des tournois où certains aiment à se retrouver entre copains. « Cela ne doit pas nous empêcher de boire un demi entre nous », souligne Pierre, un pétanqueur du dimanche. Patrick Loubic, président du club de Francescas, espère que « cela ne tuera pas l’esprit pétanque mais cette décision ne va pas dans le bon sens ».
« Certains arrivent déjà bien imbibés »
Le dirigeant départemental n’élude pas la question sur ceux qui restent à la marge.
Bien sûr que certains sont bien imbibés. Ils arrivent comme ça. Ou pire, ils ont la fourgonnette pas très loin avec les glacières remplies de bières ».
Bien entendu, les clubs organisateurs de tournois ne peuvent pas vendre d’alcools forts. « Ils se contentent de la pression », poursuit-il. Mais « cette réglementation va pénaliser certaines associations et les priver d’une manne financière ». D’ailleurs, certains ne manquent de s’élèver contre cette décision.
Ils vont nous tuer et emporter cet esprit convivial » peste un président de club du Marmandais qui ne veut pas être cité.
Et certains déjà de prévenir: « mais comment on va payer nos cotisations et les dépenses de fonctionnement sans cette rentrée des buvettes? », s’interroge un trésorier d’association, sous couvert d’anonymat. « Peut-être que la FFPJP va nous reverser des subventions ? ». Qui va régler le coût également des éthylotests ?
En voulant régler un problème, les responsables fédéraux ont – semble-t-il – soulevé d’autres problématiques pour des centaines de clubs qui tentent d’exister et de porter haut les couleurs de la pétanque. Dans la plus pure tradition de ce sport de boules qui a de beaux jours devant lui ! (Publié le 5 Mai - Actu.fr)