Le pass sanitaire sera-t-il obligatoire pour les marchés gourmands et marchés de producteurs en Lot-et-Garonne ?
Publié le 18/07/2021
Ils sont inscrits dans l’ADN du Lot-et-Garonne et en font indéniablement son charme. Ils sont courtisés aussi bien par les locaux que par les touristes, heureux de découvrir les charmes gastronomiques de notre région. Bien entendu, accompagné (toujours avec modération) d’une bonne cuvée de Buzet, du Bruilhois, du Marmandais ou d’un autre vignoble du coin. Chaque été, les marchés gourmands (portés généralement par les municipalités) ou ceux des producteurs (initiés par la Chambre d’Agriculture) attirent plusieurs centaines de convives autour de leurs tables. Il n’y a pas un seul jour sans marché gourmand et succulent dans notre département.
Pourtant, les dernières annonces présidentielles ont donné quelques aigreurs aux différents organisateurs. L’instauration annoncée du pass sanitaire, à l’entrée des bars et des restaurants, aura-t-elle des répercussions sur ces rendez-vous gourmands. Elle serait mise en place à partir du mois d'août. Des contraintes déjà appliquées aux discothèques.
Pas de réponse officielle
Du côté de Nérac, dans un des marchés les plus courtisés de Lot-et-Garonne, le maire Nicolas Lacombe «n’a pas de nouvelle officielle». «Nous n’en savons rien pour le moment», précise-t-il «si le pass sanitaire est imposé, encore faut-il voir les conditions de mise en œuvre». Le premier magistrat s’interroge «sur le personnel missionné à faire le contrôle et avec quels outils». Une mise en place qui nécessitera «de reconfigurer le marché avec une seule entrée pour s’adapter à cette éventualité». Même interrogation du côté de Lamontjoie avec le maire Pascal Boutan. «Justement, on va se renseigner et on va se rapprocher de la Chambre d’Agriculture», souligne-t-il. Mais, l’élu se montre interrogatif. «On en a déjà fait deux, il en reste sept. On est parti sur l’option de les maintenir sauf si cela se durcit trop et que cela devient intenable». Il prend exemple sur l’été dernier où ces rendez-vous gourmands avaient «été maintenus avec la mise en place d’un protocole sanitaire strict».
«Tout le monde avait le masque. Une fois qu’ils étaient assis, ils enlevaient le masque. Les gens avaient respecté. Maintenant, je ne sais pas comment les gens prendront cette mesure du pass sanitaire», s’inquiète-t-il.
Une organisation «qui serait ingérable»
Du côté de Colayrac, Claude Dulin, adjoint au maire, est vraiment circonspect.«On verra début août quand le pass sanitaire est censé entrer en vigueur. Mais, nous concernant au vu du site, ça sera impossible de les maintenir». Une organisation qui «serait ingérable» pour l’élu colayracais qui attend désormais d’avoir des confirmations quant à ces dispositions sanitaires mises en place par le gouvernement. Une situation dans laquelle se retrouvent de nombreuses communes.
Double réglementation
Du côté de la préfecture de Lot-et-Garonne, on reconnaît «qu’elles sont nombreuses à se renseigner sur les conditions d’organisation de ces rendez-vous». Mais, à ce jour, aucune décision officielle n’est arrêtée au sujet des marchés gourmands. «Nous attendons des précisions», reconnaît Jean-Philippe Dargent, directeur de cabinet du préfet de Lot-et-Garonne. Le représentant de l’Etat explique ces moments conviviaux sont régis par la réglementation, d’un côté, des marchés et de l’autre des restaurants. Une caractéristique qui placerait donc ces marchés gourmands sous l’obligation de la mise en place du pass sanitaire qui doit entrer en vigueur dans le courant du mois d’août en ce qui concerne les bars et les restaurants.
D’ailleurs, il sera difficile pour certaines communes de maintenir l’accès libre à ces rendez-vous sur leur place de village surtout si dans le même temps des restaurateurs sont dans l’obligation de vérifier le schéma vaccinal complet ou le résultat d’un PCR de leurs clients.
Un véritable imbroglio qui pourrait contrarier - certes - les organisateurs de ces moments gastronomiques et festifs et surtout vexer locaux et touristes assoiffés de ces plaisirs simples. Et continuer ainsi à profiter des effluves de magrets ou de cœurs de canard virevoltant sur les planchas avec quelques oignons confits faisant le bonheur de nos papilles...
"Il faut annuler le pass sanitaire", pour l'UMIH 47
«Je ne vois pas comment on va demander un pass sanitaire à un client qui va aller boire un café ou un verre dans un établissement sur une place de village et rien lui demander quand il va traverser pour aller manger dans un marché gourmand». Pour Jean-François Blanchet, président de l’UMIH (Union des Métiers et de l’Industrie de l’Hôtellerie) de Lot-et-Garonne, il ne faut pas «se tromper de combat». Pas question pour le responsable départemental d’entrer en bataille contre ces organisateurs. «On demande l’annulation du pass sanitaire», explique le président «On souhaite l’installation d’une signalétique qui précise que le pass saniaire est obligatoire. Que les gendarmes viennent contrôler s’il le faut mais que l’on nous demande rien à nous. Nous ne sommes pas habilités pour faire ces contrôles».
Comme une impression «d’être pris en otage».
«On nous demande des choses qui sont compliquées. On nous retire 60% de notre clientèle. Déjà que c’es compliqué, on ajoute encore de l’incertitude», conclut Jean-François Blanchet.
Réponse dans les prochaines heures sur cette question avec le débat à l’assemblée nationale qui va se saisir de l’élargissement du pass sanitaire.