Colère agricole : "l'agriculture a toujours été solidaire", un combat rendu possible grâce à la famille
Publié le 02/02/2024
Alors qu'ils étaient mobilisés sur des blocages ou dans des cortèges en direction de Paris, les agriculteurs ont pu compter sur le soutien de leurs proches pour que leurs exploitations continuent de tourner.
"L'agriculture a toujours été solidaire", affirme Alain Despeyroux. Agriculteur à la retraite, il travaille à mi-temps sur l'exploitation de son fils à'Francescas pour compléter sa pension de 900 euro; par mois. La semaine du 22 janvier, c'est lui qui était sur les barrages du Lot-et-Garonne."Moi mon rôle ce n'est pas d'aller à Paris", explique Alain. C'est son fils qui a rejoint le convoi pour la capitale avec un voisin. "Je gère les deux exploitations", explique simplement le paysan."
Une saison propice aux revendications
Accompagné de son épouse engagée à mi-temps qui fait la comptabilité de l'exploitation, Alain remédie à l'absence de son fils.
Producteur de semence, la période est la plus propice aux revendications. "L'hiver on a le temps de manifester", sourit Alain.
"Mais il ne faut pas que ça traîne, on va très vite devoir retourner dans les champs". Mais il y a toujours du travail sur une ferme et le paysan doit aussi s'occuper de l'exploitation de son voisin qui, en plus des semences, a aussi des poulets.
"Pour les éleveurs, c'est plus compliqué", souligne Alain. Montés à Paris, Fabrice Miossec et Sébastien Paillé, respectivement éleveur bovin à Castillonnès et éleveur avicole à Cancon, peuvent compter sur leurs familles pour gérer l'exploitation en leur absence."C'est la saison creuse donc on a un peu moins de boulot mais ça leur demande de travailler un peu plus pour que je puisse me libérer", témoigne Sébastien qui a laissé les rennes à sa femme et à ses parents.
"La traite c'est tous les jours, matin et soir, et l'alimentation c'est tous les jours."Installer en Gaec (Groupement agricole d'exploitation en commun) avec son frère, Fabrice peut aussi compter sur l'aide de son père, à la retraite depuis le 1er janvier. "Ce sont eux qui s'occupent de tout, là je ne peux pas, je ne suis pas sur place", explique Fabrice. Comme sur les barrages la semaine passée, les éleveurs envisagent aussi des roulements dans le convoi le menant à Paris.
Une solidarité nécessaire
Si la solidarité du monde agricole permet aux exploitants de se mobiliser pour clamer leur détresse, ce qui touche Alain, c'est le soutien de la population."J'ai 62 ans, je n'ai jamais vu ça de ma vie", témoigne le paysan. Pour lui, c'est le signe que les Français ont compris que c'est le dernier combat, si on le perd, on dégage". Un combat qui, comme le rappelle Alain, a commencé en France avant Noël en retournant les panneaux des communes. "C'était un geste symbolique, depuis lundi 22 janvier, ça, s'est durci". Reste désormais à savoir si la solidarité permettra au monde paysan de gagner son combat.