Le charme opère lors du Festival de musique en Albret

Festival musique d'Albret eglise Francescas

02.08.25

L'essentiel Dès l’entrée le décor est planté. On remarque dans le chœur trois grands instruments assez inhabituels dans ce lieu : deux marimbas et un vibraphone… mais aussi une multitude de verres "ballon" sur deux socles ! Prochain rendez-vous en l’église de Mézin.
Encore une fois, François Salque, directeur artistique, et l’équipe du festival de musique en Albret ont choisi des musiciens hors du commun et le concert s’annonce des plus intéressants.
Il débute par des sons littéralement magiques sur les verres sur lesquels viennent progressivement se superposer et s’accorder l’air bien connu de la gavotte de J P Rameau, joué d’abord sur un, puis deux, puis les trois instruments ! À la fin de cette introduction, les musiciens ont présenté leurs instruments : marimba (cinq octaves) et vibraphone qui possède des ailettes pour les vibrations…

Plusieurs siècles après, autre musicien français, Satie et une de ses gymnopédies : et là encore, le charme opère parfaitement. On croirait les gymnopédies écrites pour marimba. Même le John Adams qui suit reste mélodieux, quoique plus sombre et percussif les subtiles répétitions chères à Adams se fondant dans les vibrations des instruments. Étonnant ! Quant à Lily Boulanger, sa subtile musique est métamorphosée et magnifiée par l’ajout de pinces et d’une plaque d’aluminium pour faire la résonner d’un son nouveau ! Le public est captivé, et même fasciné, les musiciens sont d’une créativité et d’une inventivité exceptionnelles ! Non seulement ils jouent avec leurs baguettes, mais avec la "poignée" de celle-ci, ou avec un archet…

Sans transition, la musique du compositeur allemand contemporain Nils Frahm amène un rythme plus lancinant, avec toutes sortes d’airs et de variations sur les deux marimbas, alors que la Pavane de Ravel qui suit nous ramène dans un univers mélodieux, doux et rêveur à souhait… Et la deuxième gymnopédie est aussi belle que la première. Que de contraste et de possibilités ! Et ceci convient particulièrement à la compositrice polonaise dont la musique fait un peu penser à J Adams : style "répétitif" mais subtiles variations et changements formant une mélodie semblable au coucou !

Le public comblé est gratifié d’un bis extraordinaire : les musiciens créent un rythme de percussions corporelles en interprétant un chant occitan "Estat ai en greu cossirier !" de la trobairitz Beatritz de Dia du XIIe siècle ! Public comblé debout pour de longs applaudissements ! Une très belle soirée découverte qui restera dans nos mémoires !