Textes historiques, images et photos
Chronologie climatique du dernier millénaire en Europe
  
Les outils de l'historien du climat
    
  
Les  historiens du climat, dans leur quête de reconstitution des événements  climatiques, sont confrontés au manque de données quantitatives relatives aux  périodes antérieures au XVIIe siècle.  Les premières mesures du temps qu'il fait, grâce à l'utilisation d'instruments  standardisés, ne sont en effet effectuées qu'à partir de 1654 en Europe :
    l'Accademia  del Cimento (Académie des expériences) installe, sur l'initiative du grand 
    duc  de Toscane, Ferdinand II de Médicis, un réseau de stations d'observations  implantées à 
    Parme,  Milan et Bologne puis à Innsbruck, Paris et Varsovie. Presque toutes les heures
    sont  enregistrées la température, la pression atmosphérique, la direction du vent et 
    l'humidité.  Le réseau cesse de fonctionner en 1667 à la fermeture de l'Académie.
    Ces  observations ponctuelles, fondement de la science météorologique, fournissent  la possibilité de calculer des moyennes ou de définir les variations extrêmes  des phénomènes 
    atmosphériques  sur plusieurs années. Cette étude du temps sur une plus longue période
    prend  alors le nom de climatologie.
    D'autres  sites d'observations sont créés par la suite, offrant de longues séries de  mesures :
    De  Bilt, aux Pays-Bas, depuis 1735 ; Observatoire de Paris, depuis 1757… Mais il 
    faut  attendre la fin du XIXe siècle  et la création de l'Organisation météorologique mondiale, 
    en  1873, pour bénéficier d'un réseau international fournissant des données en  continu et surtout comparables entre elles.
    Quel  crédit doit-on en effet accorder à des mesures de températures effectuées avant 
    cette  date, avec des instruments dont les systèmes de graduation ne sont pas toujoursétalonnés  à partir des points de congélation et d'ébullition de l'eau (échelle de Celsius 
  inventée  en 1742) ?

    
    Des témoignages humains
    Les  climatologues des temps historiques se voient alors dans l'obligation de  compléter et 
    d'affiner  ces indications fragmentaires par l'étude de documents qui vont leur permettre 
    de  remonter encore plus loin dans le temps. Ces documents offrent deux types  d'informations qualitatives.
    Les  informations directes sur le temps, que l'on trouve dans des chroniques ou des  manuscrits, relatent les descriptions des nuages, de la neige, de  l'ensoleillement ; des peintures ou des gravures permettent de visualiser des  paysages anciens sous la neige ou d'observer l'extension des glaciers de  montagne à différentes époques…
    Les  informations indirectes sur les conditions climatiques relatent des périodes de  gel 
    anormalement  longues, la persistance inhabituelle d'une couverture neigeuse ou d'une 
    sécheresse,  la date de maturité des cultures.
    La  date du premier jour des vendanges, qui était consignée dans les registres  municipaux, 
    est  ainsi un excellent indice pour reconstituer la température moyenne du printemps  et de 
    l'été.  L'historien Emmanuel Le Roy Ladurie a étudié une centaine de ces registres  datant de
    1474  à 1879 et provenant de France, de Suisse et des régions rhénanes. Il les a  comparés à 
    une  série de mesures réalisées à Bâle depuis 1755 et en a conclu, d'après  l'excellent accord 
    obtenu,  que les décennies 1620-1629 et 1690-1699, les plus froides de la période nommée
    Petit  Age Glaciaire, avaient connu des températures moyennes entre avril et septembre  inférieures de 2 °C à celles de la période 1989-1998.
    Cependant,  pour que ces descriptions soient exploitables, il est indispensable que leur 
    auteur  soit contemporain des événements qu'il décrit et qu'il vive à proximité du lieu  en question Dario Camuffo et Silvia Enzi, de l'université de Padoue, prennent  l'exemple du 
    chroniqueur  italien Toaldo qui, en recopiant un X en II après avoir mal lu une date, avait 
    transformé  l'année MDXI (1511) en MDIII (1503). L'année 1511 avait vu l'artillerie du 
    pape  Jules II traverser le Pô gelé mais l'erreur de date a entraîné, pour la  postérité, l'idée que 
    les  deux années 1503 et 1511 furent exceptionnellement froides ! 
    Plus  grave encore : un chroniqueur liégeois du XIVe  siècle, Jean d'Outremeuse, a rapporté
    une  chronologie détaillée d'hivers rigoureux… totalement inventée ! La méfiance 
    est  donc de rigueur face à ces informations qu'il est indispensable de vérifier et  de 
    confronter  à toutes les sources disponibles
Lire le temps dans les arbres
    La  dendrochronologie, étude des anneaux de croissance des arbres, fournit  également un 
    riche  ensemble d'informations indirectes.
    D'une  part, la succession de ces cernes offre une chronologie annuelle très précise  qui peutêtre  calée entre deux dates si l'on sait en quelle année l'arbre a été coupé ;  d'autre part, 
    l'épaisseur  des anneaux définit les conditions climatiques sous lesquelles l'arbre s'est  développé.
    Mais  attention ! Des anneaux minces, synonymes d'un stress climatique, n'ont pas la 
    même  signification en zone tropicale, tempérée ou dans les zones de hautes  latitudes.
    Dans  le premier cas, il s'agira d'un stress hydrique dû à une sécheresse marquée; 
    dans  le deuxième cas, une association plus subtile et plus difficile à analyser  entre basses 
    températures  et niveau des précipitations expliquera la minceur des cernes ; dans le 
    troisième  cas, les faibles températures seront le facteur prépondérant. 
    Bien  entendu, il faut également tenir compte des caractéristiques de la période de  croissance
    végétative  propre à chaque espèce et de la situation géographique de l'arbre : se trouve-
    t-il  « protégé » d'une importante évapotranspiration au sein d'une forêt ou est-il 
    soumis  à l'influence asséchante du vent en haut d'une crête ? On comprend bien que la 
    reconstitution  du climat à partir de la dendrochronologie soit réservée à des spécialistes 
    qui  doivent gérer une quantité impressionnante de paramètres différents, associant  évidemment des connaissances en climatologie, mais aussi en biologie, en  histoire et géographie locales, le tout accompagné d'une bonne dose de patience  pour le comptage précis des anneaux…
Une petite histoire climatique européenne du dernier millénaire
    
Muni  des outils et des méthodes précédemment cités, que nous apprend l'historien du 
    climat  sur celui-ci ? En ce qui concerne le premier millénaire de notre ère, les  données sont extrêmement fragmentaires. 
    Une  trentaine de textes pour la période Ve-VIIe siècles et environ 80 manuscrits pour les VIIIe-Xe siècles  nous proviennent du haut Moyen Age, en particulier de monastères irlandais. Il  en ressort que des hivers souvent doux, jusqu'en 750 environ, ont permis aux  moines, à la recherche du paradis terrestre, de pratiquer une certaine forme de  « navigationde plaisance » et de parcourir une partie de l'Atlantique Nord sur  de frêles embarcations!
    La  mention d'icebergs et de volcans actifs laisse penser qu'ils se sont  probablement aventurés aux alentours des îles Féroé et de l'Islande…
    Par  la suite, on note un durcissement des conditions hivernales et les sources  signalent 
    l'exceptionnel  hiver 763-764, sous Charlemagne, avec d'énormes chutes de neige sur toute 
    l'Europe,  les oliviers gelés dans toute la zone méridionale et les Dardanelles charriant  des
    glaçons.  Les rares données géologiques issues de l'analyse des moraines du glacier  d'Aletsch en Suisse témoignent de ce refroidissement qui s'accompagne de  plusieurs poussées glaciaires 
    culminant  au Xe siècle.
    On  assiste ensuite à une phase de recul des glaces jusqu'aux alentours de 1350.  Cette phase 
    plus  chaude, aujourd'hui appelée, en Europe, Optimum Climatique Médiéval, est  souvent présentée comme une période aux conditions météorologiques  régulièrement clémentes. On
    lui  attribue volontiers la première explosion démographique humaine, les premiers  grands 
    progrès  techniques et artistiques ainsi que la naissance des grands courants commerciaux.
    Cette  image demande à être nuancée.
Un optimum climatique médiéval nuancé
    
Les  données de l'historien belge Pierre Alexandre, portant sur 3500 références  climatiques 
    concernant  l'Europe occidentale pour la période 1000-1425, indiquent un début de deuxième 
    millénaire  excessivement humide. De nombreuses inondations sont signalées en Saxe et en
    Westphalie,  dans l'Yonne et la vallée de la Loire, produisant souvent de désastreuses  récoltes. Les conditions climatiques deviennent plus sèches à la fin du XIe siècle avec des saisons très 
    contrastées  : les hivers sont froids mais les étés sont plus agréables.
    Le  XIIe siècle, jusqu'en1180, est en  général marqué par des hivers rigoureux, en tout cas plus 
    froids  que ceux de la période 1901-1960, et des étés à nouveau plus humides. Les  décennies 
    1150-1169,  sous Louis VII le Jeune, apparaissent particulièrement désagréables. En  revanche, il est également fait mention de saisons ponctuellement plus  souriantes : une chronique liégeoise fait mention de la découverte de fraises  mûres en 1116… à Noël !
    A  partir de 1180, les conditions s'améliorent nettement et les températures  moyennes 
    deviennent  comparables à celles du XXe siècle,  mis à part les deux décennies 1210-1229 où 
    l'on  signale souvent des hivers rudes (en 1219, la Seine et la Loire sont gelées).  En 1237, un
    pont  est construit sur la Reuss pour ouvrir à la circulation régulière le col du  Saint-Gothard, 
    en  Suisse, difficilement accessible auparavant.
    Le  XIIIe siècle s'achève dans une  ambiance relativement douce et assez sèche, que l'Europe 
    ne  retrouvera plus avant longtemps. En effet, le premier quart du XIVe siècle marque le retour brutal des basses  températures: chute de 1 °C de la température moyenne hivernale en Europe  centrale, en l'espace de dix ans ! Et celui de l'humidité : la neige persiste  parfois jusqu'en mars ou avril aux Pays-Bas et en Normandie. En 1309, 1315,  1316 et 1317, il est fait référence de fortes pluies et d'inondations en  France, Autriche, Allemagne et Bénélux. En 1328, les chroniques signalent des  inondations dans toute la basse vallée du Rhône et la crue du Pô en juin et  octobre.
    Comme  on peut le constater, l'Optimum Climatique Médiéval est finalement peu marqué, 
    il  ne correspond pas à une période définie par ses températures uniformément  douces. Seules les conditions climatiques du XIIIe  siècle peuvent être considérées comme réellement favorables, en  tout cas proches de celles des décennies 1901-1960. Il n'empêche que cet  optimum constitue une période de « répit » entre une fin de premier millénaire 
    apparemment  assez rigoureuse et le Petit Age Glaciaire dont nous parlerons plus loin.
L'épopée viking dans l'Atlantique Nord
   
 Les  climatologues et les historiens attribuent au réchauffement climatique médiéval  la 
    découverte  du Groenland, en 982, et de l'Amérique du Nord (Labrador et Terre-Neuve 
    actuels),  aux alentours de l'an 1000, par les Vikings. Les données historiques ainsi que 
    l'analyse  des variations de la composition isotopique des glaces groenlandaises apportent  la 
    preuve  que les conditions climatiques dans l'Atlantique Nord sont particulièrement  clémentes 
    entre  le VIIe et le XIIe siècle.
    Curieusement,  on note ici un décalage temporel de l'optimum entre cette région et l'Europe 
    continentale,  plus tardif pour cette dernière, ce qui montre le diachronisme des événements 
    climatiques  à l'échelle du globe (même pour des régions aussi proches l'une de l'autre !)
    L'océan  se trouve alors libre de glaces entre l'Islande, déjà colonisée par les  Vikings, et le 
    Nouveau  Continent, ce qui rend possible de longues expéditions maritimes. Le Groenland 
    est  décrit dans la Saga d'Eric le Rouge,  écrite dans les années 1250, comme un pays verdoyant dépourvu d'arbres, où  l'herbe pousse et permet de faire paître les animaux. Deux centres de  colonisation sont implantés dans des fjords bien abrités de la côte sud et  entretiennent des relations commerciales florissantes avec l'Islande jusqu'à la  fin du XIIe siècle.  C'est alors que les conditions se détériorent : baisse des températures,  tempêtes plus fréquentes et surtout extension de la banquise le long de la côte  sud-est du Groenland, contraignant les navires à effectuer des voyages de plus  en plus longs et périlleux en haute mer. En 1347, s'échoue en Islande le  dernier bateau ayant établi une liaison avec les colonies. La route est alors  définitivement coupée et les derniers Vikings groenlandais, privés de vivres et  de bois de chauffage, finissent par disparaître, victimes du froid et de la  faim.
Le Petit Age Glaciaire
   
 La  détérioration du climat européen, amorcée au XIVe  siècle, se poursuit au siècle suivant. Des troncs d'arbres  fossiles, retrouvés par des botanistes en Angleterre, en Allemagne et en  Scandinavie, témoignent de conditions de croissances peu favorables : les anneaux  apparaissent extrêmement minces entre 1420 et 1480. En France, les conditions 
    climatiques  sous Louis XI deviennent difficiles : neige et pluie sont des éléments  fréquents 
    des  chroniques. Dans les Alpes, les glaciers confirment leur avancée, entamée 
    vers  1350. Le Vieux Continent semble s'acheminer graduellement vers la période 
    froide  du Petit Age Glaciaire.
    Mais  encore une fois, le climat est l'objet de sautes d'humeur inattendues ! Entre  1530 et 
    1565,  trois décennies d'étés chauds et secs viennent perturber le refroidissement qui 
    s'accentue  néanmoins brusquement à la fin du XVIe siècle.  Les étés deviennent humides et 
    froids,  les hivers longs et neigeux. L'hiver très rigoureux 1564-1565 marque tant  l'esprit 
    du  peintre Bruegel l’Ancien qu'il en modifie son style et inaugure une longue  tradition de 
    peintures  représentant des paysages européens saisis par la neige et la glace. Cette 
    source  d'inspiration perdurera jusqu'au XIXe siècle.
    Le  XVIIe siècle correspond à la période  de froid la plus intense du Petit Age Glaciaire 
    les  décennies 1620-1629 et 1690-1699 apparaissant particulièrement redoutables.
    Une  estimation des températures moyennes d'hiver aux Pays-Bas faite par Core  Schuurmans montre qu'avant l'an 1700, presque tous les hivers sont beaucoup  plus froids que ceux 
    que  nous connaissons actuellement, la différence atteignant parfois trois ou quatre  degrés.
    Le  développement de l'utilisation des thermomètres à partir des années 1650  apporte des 
    informations  précieuses sur les fameux hivers du Roi-Soleil : Louis Morin, botaniste,  médecin et académicien, a ainsi consigné à Paris, de 1676 à 1712, des milliers  d'informations météorologiques. Il apparaît que les hivers 1683-1684, 1694-1695  et 1708-1709 sont exceptionnels : les températures entre -10 °C et -20 °C sont  fréquentes et la température moyenne sur les trois mois d'hiver météorologique  (décembre à février) reste bloquée au-dessous du zéro, au lieu des +4 °C  actuels.
    Curieusement,  les années 1710-1740 apportent une bouffée de chaleur à l'Europe 
    qui  grelotte. En l'espace de trente ans, dans certaines régions comme l’Angleterre  et les 
    Pays-Bas,  la température moyenne augmente de 1,8 °C, ce qui correspond à un réchauffement
    beaucoup  plus important et plus rapide que celui observé au cours du XXe siècle (« seulement » 0,6 °C) ; la chaleur des  années 1730 est comparable à celle d'aujourd'hui…
    Hélas  ! L'hiver 1739-1740 marque un retour brutal et durable de la froidure, même si  l'on 
    n'atteint  pas les extrêmes du XVIIe siècle.  Néanmoins de nombreux et puissants coups de 
    froids  sont enregistrés jusqu'aux années 1890 : il faut citer le mois de décembre  1879, mois le
    plus  glacial de tout le millénaire en France (-7,4 °C de moyenne mensuelle et -23,9  °C de 
    minimum  absolu à Paris-Montsouris, -33 °C à Langres le 9 décembre… en automne !).
Les raisons
Les raisons de ce phénomène climatique sont encore très controversées. Certains invoquent une diminution cyclique de l'activité solaire ou une éruption volcanique. Des chercheurs américains, britanniques et islandais ayant travaillé dans les régions subarctiques avancent une nouvelle hypothèse. Selon eux, le petit âge glaciaire a été déclenché par quatre grandes éruptions volcaniques survenues dans la deuxième moitié du XIIIe siècle (Geophysical Research Letters, 31 janvier 2011). La baisse des températures qui s'en est suivie a été amplifiée par une modification des courants marins et l'extension des glaces de mer durant l'été qui limitent l'absorption de la chaleur en réfléchissant le rayonnement solaire dans l'espace.
Interrogations dès le XIVe siècle
Récemment, au-delà de ces travaux, s’est développée une nouvelle littérature économique du climat. Cette new climate economy literature a été popularisée par un article de Melissa Dell, Benjamin F. Jones et Benjamin A. Olken publié en 2014 dans le Journal of Economic Literature. Les auteurs font le point sur les travaux empiriques qui examinent le lien entre températures, précipitations ou évènements extrêmes (tempêtes, etc.) et les variables économiques. Il est à noter que Nordhaus lui-même, dès les années 1970, regrettait l’absence de travaux empiriques permettant de mettre en avant les effets des aléas climatiques sur la croissance notamment.
Longtemps, les économistes ont pensé que les éléments géographiques n’étaient pas des déterminants significatifs de la croissance (sauf éventuellement dans certains cas spécifiques). Selon les études empiriques recensées, il ne fait pourtant aucun doute que les chocs climatiques constitueraient bel et bien une entrave à la croissance. C’est au moins le cas pour les pays tropicaux dont les écarts de températures enregistrés engendreraient une volatilité forte des revenus agricoles ou encore du tourisme.
On soupçonne depuis des siècles le climat d’être corrélé négativement au revenu (voir par exemple les écrits de l’historien arabe Ibn Khaldoun au 14e siècle ou encore ceux du philosophe des Lumières Montesquieu sur l’excès de chaleur). Il a cependant fallu attendre 2014 pour que les économistes disposent d’un véritable article de référence sur la question et recensent les preuves empiriques des chocs climatiques sur la croissance.
    Un degré Celsius supplémentaire, 8,5 % de croissance en moins
Les premières études économétriques en coupe (qui comparent un échantillon à différents instants donnés), menées notamment par Jeffrey D. Sachs au début des années 2000, montraient déjà des effets de températures élevées sur le revenu par habitant, la productivité agricole et la santé. À partir d’un échantillon mondial, Dell, Jones et Olken indiquent, eux, qu’un degré Celsius supplémentaire se traduirait par 8,5 % de croissance en moins.
Selon les travaux menés par Nordhaus en 2006, 20 % des différences de PIB entre les pays africains et les régions les plus riches de la planète s’expliqueraient par des variables géographiques dont la température, les précipitations (via leurs effets sur la qualité des sols) et la productivité agricole. Récemment, une étude de Marco Letta et Richard Tol insiste sur ce point : elle souligne que le changement climatique va accroître davantage les inégalités entre les pays riches et les pays du Sud, ces derniers étant plus vulnérables (forte part du secteur agricole impacté de facto par le changement climatique, accès restreint aux énergies, etc.).
Les études le plus récentes menées en panel (permettant de prendre en compte des effets conjugués et dynamiques à la fois dans le temps et l’espace) comme celles de Dell et coll. en 2012 montrent d’ailleurs que des températures élevées handicapent en premier lieu les pays pauvres (1,4 % de croissance en moins pour un degré Celsius supplémentaire).
Arnaud Lemaistre, géologue diplômé de l'IGAL, s'est  spécialisé dans la médiation 
    et la formation en climatologie et  météorologie, en association notamment avec Météo-France et l'université Paris  VI. Il a été responsable scientifique, en 2000, de l'exposition
    Le Crépuscule des Dinosaures.