La dernière séance
Élu depuis quarante-neuf ans, maire depuis quarante-six ans, Raymond Soucaret passe le relais.
« Je me suis tellement préparé à ce moment, que je ne ressens aucune conséquence néfaste. Peut-être en sera-t-il autrement lorsque la passation sera effective », commente Raymond Soucaret.
Issu d'une famille de paysans du Nomdieu, village du canton de Francescas, rien ne prédestinait Raymond Soucaret à marquer de son empreinte le département à travers sa connaissance du terrain, ses influences, ses mandats politiques, ses présidences de syndicats.
Aujourd'hui, à l'heure où il remet son mandat de maire de Francescas qu'il exerce depuis quarante-six ans, le Lot-et-Garonne voit l'un de ses plus illustres représentants se retirer officiellement de la scène, à l'âge de 91 ans, au terme d'un parcours exceptionnel.
Ses mandats de conseiller général de 1970 à 2001, conseiller régional de 1974 à 1985, sénateur de 1981 à 2001, lui ont permis de côtoyer des personnalités sous les ors de la République. Mais c'est celui de maire qu'il retient parce qu'il est « le plus attachant, le plus proche des réalités, de ses concitoyens, tant dans les moments de joie que dans les moments difficiles », dit le « retraité » qui a animé son dernier conseil municipal, vendredi, avec le vote du budget et le compte administratif au programme de la séance.
Arbitre au béret
En revanche, il a reçu un sacré coup au cœur, un soir de la semaine dernière, au Temple-sur-Lot, à l'issue de l'assemblée générale du syndicat Eau 47 dont il abandonne la présidence. Ses amis du syndicat lui avaient préparé une surprise en organisant un match de basket-ball entre Pau-Orthez et l'Union Sportive Franciscaine qu'il a de tout temps aidée en lui reversant, par exemple, son indemnité de maire et en lui trouvant des mécènes. L'ancien arbitre de basket-ball qu'il fut, connu sur tous les terrains pour son béret - « Les joueurs reconnaissaient mon humeur à la façon dont je le faisais tourner » -, a été ému, bien qu'il ne veuille rien en dire.
Un homme pudique
Raymond Soucaret, homme de pouvoir, très influent en Albret, comme l'a prouvé son opposition à l'entrée de sa commune au sein de la Communauté de communauté du Val d'Albret pour lui préférer celle des Coteaux, est aussi un homme pudique. Il ne veut rien dire de ses émotions, privilégiant les actions qu'il a entreprises, plus particulièrement dans sa commune, à travers une lettre de soutien à l'équipe sortante conduite par Paulette Laborde.
À propos de sa première adjointe depuis trois mandatures, élue depuis 1977, à laquelle il transmet le relais, il explique : « Il faut qu'elle apprenne à avaler des couleuvres », en ajoutant : « Pour ma part, je n'ai jamais attrapé d'indigestion. » C'est dire la capacité de l'ancien fils de paysan, devenu chef d'entreprise multicarte, à contourner les difficultés pour mieux imposer ses analyses et sa marque en cette terre de Gascogne qui l'a vu naître.
(Sud-Ouest le 18.03.2014)
Publié le 27/09/2013 à 08:25 (La Dépêche)
découpage cantonal 2015
L'ancien voisin politique de Jean François-Poncet dit que ce redécoupage «ne va rien apporter au moulin»./ Photo DDM, archives.
Il attendait de voir d’un peu plus près les propositions du conseil général à 21 cantons au lieu de 40. Le maire de Francescas et sénateur honoraire ne mâche pas ses mots.
Lors de son long passage au conseil général dès le début des années 1970, Raymond Soucaret a connu le Lot-et-Garonne à 32 cantons avec un seul à Agen, à Villeneuve ou Marmande. Année après année, cette carte s’est modifiée. «Mais je n’avais pas connu de suppression. C’est fait !» En 2015, si le schéma dessiné par le conseil général est validé par le Conseil d’État, le Lot-et-Garonne comptera 21 cantons, au lieu de 40 (lire nos précédentes éditions).
Inutile de préciser qu’en radical plutôt à droite de l’échiquier politique, le maire de Francescas et sénateur honoraire aurait une simple envie : jeter la carte cantonale version majorité PS sous son bureau, dans un ustensile appelé poubelle. «Bien évidemment, ces propositions sont favorables à la majorité, mais je ne suis pas d’accord objectivement». Et de citer un exemple, le sien : «Imaginez un canton qui irait des limites de Pergain-Taillac (Gers, 2 km d’Astaffort N.D.L.R.) Saint-Pè - Saint-Simon. Comment le conseiller général élu va-t-il connaître où sont les nids-de-poule ? On va tout droit vers la suprématie de l’administration».
«Bouffés par la capitale»
Après près de quarante ans de navigation sur la mer parfois houleuse de la politique départementale, Raymond Soucaret en a vu d’autres. «Mais c’est une connerie monumentale. Un découpage n’est certes jamais parfait, ce sont des calculs souvent géopolitiques mais les propositions de l’opposition avaient le mérite, même avec des défauts, d’être cohérentes».
Pour le maire de Francescas, les petites communes de l’Albret vont être «bouffées» par la capitale, comprendre Nérac. «Mais on a vu ce genre de choses dans le passé, quand Le Passage avait des communes du canton rive droite de la Garonne. Je ne suis plus surpris par grand-chose. On est toujours d’un côté, ou de l’autre, de la barrière. Dommage qu’une fois de plus, il n’y ait pas de concertation».
Bataille perdue
Sans lire dans le marc de café, et refusant de jouer les sages, Raymond Soucaret prévoit quand même quelques mouvements au sein de la majorité. «En fait, c’est une manœuvre à contresens de ce qu’ils veulent. Je leur prévois quelques turbulences. Tous les cocus ne seront pas du même côté !» Au sens politique du terme, s’entend. «Francescas disparaît mais Mézin aussi, Bataille (Christian, conseiller général, N.D.L.R.) est sacrifié. Qu’en pense-t-il au fait ?» Même si cette carte n’est pas définitive, Raymond Soucaret ne s’attend pas à beaucoup de changements.
Exit Mézin
Le canton de Lavardac comprendrait Ambrus, Barbaste, Bruch, Buzet-sur-Baïse, Damazan, Feugarolles, Lavardac, Mongaillard, Monheurt, Montesquieu, Pompiey, Puch-d’Agenais, Razimet, Saint-Laurent, Saint-Léger, Saint-Léon, Saint-Pierre-de-Buzet, Thouars-sur-Garonne, Vianne, Xaintrailles.
Le canton de Nérac
comprendrait Andiran, Calignac, Espiens, Fieux, Francescas, Fréchou, Lamontjoie, Lannes, Lasserre, Mézin, Moncaut, Moncrabeau, Montagnac-sur-Auvignon, Nérac, Nomdieu, Poudenas, Réaup-Lisse, Saint-Pé-Saint-Simon, Saint-Vincent-de-Lamontjoie, Sainte-Maure-de-Peyriac, Saumont, Sos.
28.05.2013 (Journal Sud-Ouest)
«J’ai été maire de Francescas plus de quarante ans. C’est la fonction la plus attachante. On est près de ses concitoyens, de ses électeurs, on essaye de trouver les moyens de solutionner les problèmes de ses administrés. La démocratie ne pourrait pas fonctionner sans cette école de la démocratie et de la République qu’est chacune de nos mairies en France », explique Raymond Soucaret dans l’ouvrage que lui consacre son ancien attaché parlementaire et universitaire toulousain, Stéphane Beaumont. (1)
« À sa manière, conviviale et tranquille, il est entré dans l’histoire du Lot-et-Garonne », écrit le biographe qui brosse le portrait de ce fils de paysans né le 27 juillet 1923 au Nomdieu.
Élève à Fazanis (aujourd’hui lycée agricole de Tonneins), diplômé des écoles d’agricultures et de moniteur de taille d’arbres fruitiers, il est tenté de partir au Chili ou en Argentine en tant que chef de culture dans une grande exploitation. Ses parents, qu’il perdra en 1944 et 1946, refuseront. Orphelin à 23 ans, il a noué des amitiés au sein des Chantiers de jeunesse avant d’échapper au Service du travail obligatoire (STO) grâce au futur maire d’Agen, Pierre Esquirol, résistant, chirurgien natif de Francescas, qui l’opéra de l’appendicite.
Amitiés multiples
Mobilisé, à la fin 1944, Raymond Soucaret fit la connaissance dans les Landes du colonel Gabriel Lapeyrusse, ancien résistant, futur député-maire de Nérac.
La rencontre avec ces deux hautes figures de la politique du département s’avéra fondamentale dans le parcours de Raymond Soucaret, marqué également par son oncle Gouget, communiste qui lui fit rencontrer des responsables, dont le député Hubert Ruffe. D’où, fort de réseaux multiples, et la parfaite connaissance du milieu politique pour le maire radical, conseiller général et régional et sénateur, Raymond Soucaret « élu à chaque fois sans être véritablement candidat » fut l’un des principaux « pilotes » puis ami de Jean François-Poncet.
Avant d’en arriver là, le fils de paysan, marié avec Simone en 1946, a bâti une solide carrière professionnelle qu’il termina en vendant des moissonneuses-batteuses.
C’est la formation de l’homme intimement liée à celle du politique que retrace ce livre qui regorge de souvenirs racontés par Raymond Soucaret.
Sous forme d’anecdotes, il y dévoile souvent les coulisses des nombreuses assemblées où il siégea, ou en disant ses rencontres avec les plus hauts personnages de l’État tout au long d’un parcours qui le mena des villages du Nomdieu et de Francescas à la capitale Paris.
(1) « Raymons Soucaret ou Le terroir au Sénat », par Stéphane Beaumont, aux éditions de Ixcéa.
Cérémonie du 11 novembre 2013
Lundi matin s'est déroulée la cérémonie de la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918. Le cortège constitué devant la mairie de Francescas porte-drapeaux en tête s'est rendu au monuments aux morts pour la cérémonie en présence de l'ensemble du conseil municipal et de la population. L'Harmonie musicale de Nérac a interprété la Marseillaise. Le cortège s'est ensuite rendu au cimetière pour le fleurissement des tombes des victimes des différents conflits. (La Dépêche)
Dépôt de gerbe par le maire Raymond Soucaret et les représentants des associations d'anciens combattants.
Raymond Soucaret : l'inoxydable «sénateur»
Publié le 16/11/2011 (La Dépêche)
Quand on assiste à un match de basket, à Francescas, il est un supporter, en costume du dimanche, assis au premier rang, qu'il est impossible de ne pas remarquer : « C'est le sénateur », dit-on avec beaucoup d'affection. Sénateur, Raymond Soucaret, l'est effectivement. Ca carrière politique mérite d'être évoquée « Elu conseiller municipal en 1965, je suis maire depuis 1968, évoque-t-il. Je suis le doyen des maires en activité mais pas le plus ancien en poste (c'est Fongaro, à Pont-du-Casse, depuis 1965). Conseiller général de 1970 à 2001, conseiller régional de 1974 à 1985 et sénateur de Lot-et-Garonne de 1981 à 201, dit-il la mémoire solide. À ce titre, je suis membre honoraire du parlement. » N'oublions pas que notre homme a été aussi syndicaliste, président de la fédération départementale des entreprises de travaux agricoles pendant 25 ans et président national pendant 15 ans. C'est dire que le maire de Francescas est au fait de la chose publique. « J'ai découvert le basket-ball au collège agricole de Fazanis. Arrivé à Francescas, après le décès de mes parents, j'ai été contacté par Etienne Trézéguet, président de l'USF, pour aider au transport des joueurs. J'ai même arbitré pendant 20 ans environ et je me souviens de Vianne, une place forte du basket à l'époque, aime-t-il se souvenir. » Raymond Soucaret a toujours œuvré pour que le basket soit préservé à Francescas. « Nous avons été les premiers à avoir une salle en Lot-et-Garonne, un hangar fermé avec l'aide de bénévoles et même doté d'un plancher. Elle fut remplacée plus tard par la salle actuelle. » Avec son franc-parler et sa gouaille, Raymond Soucaret est catégorique : « La jeunesse, il faut l'occuper sinon elle fait des bêtises. Le sport est essentiel. Il a un rôle culturel et social avec le plaisir en plus. » Et puis, notre sénateur maire évoque un enseignant qui a joué un rôle essentiel pendant 15 ans pour la formation des jeunes basketteurs. « C'est Max Lapeyrère, un instit exemplaire. Son départ a laissé un grand vide à l'USF. » Alors pour conserver au basket un rôle majeur dans son village, Raymond Soucaret a su faire venir des joueurs de qualité arrivant d'autres horizons. « Il fallait que ce soit des jeunes voulant s'intégrer, ne rechignant pas au travail car je ne suis pas efforcé de leur trouver un emploi. » Et il évoque avec fierté et émotion, ces intégrations réussies, notamment celles de Bruno Gomis, capitaine de l'USF, Lamine Sarr qui a rejoint Urcuit en N1, Chekib Doumi, Fayçal Chebbi, Jean-Yves Boucaud, l'actuel président de Boé et le petit dernier, Cheik Yali, un intérieur de fort calibre. Premier supporter de Francescas mais pas seulement, Raymond Soucaret précise : « Je suis un sponsor du basket franciscain et je fais le maximum pour être utile. » Et pour l'anecdote, s'amuse-t-il à raconter : « Je portais un béret et selon la manière dont je le tournais, les arbitres savaient si j'approuvais leurs décisions. » Paulette Laborde, présidente de l'USF et Alain Charles confirment avec respect et admiration : « C'est un fort caractère mais il a toujours le cœur sur la main. » Quel meilleur compliment pour cet autodidacte a nul autre pareil.
Publié le 07/10/1998 (La Dépêche)
Aujourd'hui sont désignées les commissions au Sénat. A cette occasion, rencontre avec Raymond Soucaret, maire et conseiller général de Francescas. Sénateur aussi depuis 17 ans, il a su garder sa simplicité d'homme de la terre et son franc-parler.
Qui pourrait croire que l'homme qui va vous faire le plein d'essence alors que la jauge de la voiture est au plus bas, sur une petite route de l'Albret, est aussi sénateur. Raymond Soucaret est ce personnage et même un personnage. Issu du monde rural qu'il aime représenter au palais Bourbon, il est connu pour son franc parler qui roule de son accent Gascon.
Et le Sénat pour ce dernier, est déjà une longue histoire puisqu'il a été élu en janvier 1981, à la suite du décès du sénateur Bordeneuve dont il était le suppléant. «J'ai terminé le mandat, souligne l'intéressé.
Puis, avec comme suppléant Charles de Cacqueray, nous avons été réélu en 1983, puis une nouvelle fois en septembre 92».
Du Sénat, il en connaît chaque coin et recoin et toutes les histoires, la dernière en date bien sûr, étant le chambardement à la présidence, avec l'avènement de Christian Poncelet. «Cela a été la surprise car bien des sénateurs pensaient que Monory serait réélu. J'étais de ceux là».
Autodidacte
Hier et aujourd'hui, Raymond Soucaret et ses 320 autres pairs, vont élire les différents présidents et bureaux des commissions. «La commission des affaires économiques, est celle où je me sens le mieux, car on y parle de tout et en particulier de l'agriculture et de la ruralité».
Le sénateur confie volontiers qu'il est un «autodidacte» et que cette fonction est «enrichissante. On est au contact de gens chevronnés de la politique, comme des anciens ministres. Ils ont une longue expérience politique et on peut apprendre beaucoup auprès d'eux et en tirer le meilleur profit pour le pays».
Et lorsqu'on lui demande de regarder dans le rétro, il souligne : «Je crois avoir beaucoup travaillé. Je ne sais pas si j'ai bien travaillé, mais mes prises de positions ont été quelques fois retenues dans le sens que je souhaitais».
A l'image d'un amendement permettant aux petites communes de se rassembler pour l'eau et l'assainissement pour faire jouer la solidarité. «J'interviens tous les ans sur les budgets de l'agriculture, cette année sur la loi d'orientation agricole. Le PACS, je voterai contre et je soutiendrai quelques amendements préalables à ce vote».
Question d'âge
Le mandat de Raymond Soucaret s'achèvera en 2001 mais il n'est guère disert pour ce qui sera de l'après : «il faudra voir l'âge et l'évolution de la politique. Il n'y aura peut- être plus de Sénat parce que Jospin veut le supprimer. Pourtant le Sénat est utile à la nation. Nous sommes beaucoup moins fougueux et beaucoup plus réalistes que nos collègues de l'assemblée nationale. Le pays a besoin de leur sagesse, même si parfois on caricature en transformant la sagesse en paresse».
A propos du rajeunissement des cadres, il lâche. «Bien sûr qu'il faut, mais il faut aussi calmer le jeu. Je pense que les gens aspirent à un changement de figure. Il ne faut pas tout mettre sur l'âge». Enfin concernant la limitation du cumul des mandats, le sénateur le conçoit «mais qu'on prenne certaines précautions, car qui en haut lieu prendra les décisions ?».
Mais avant de reprendre l'avion pour Paris, le sénateur qui est aussi maire de Francescas, a géré les affaires communales. «On ne peut être présent à 100 % au Sénat. heureusement il y a des facilités quant à l'organisation et les dossiers sont programmés. Ce qui permet de faire des choix les plus nécessaires. Ce qui m'a permis de pouvoir continuer à m'occuper de mes affaires en levant un peu le pied.
Depuis que je suis sénateur, j'ai arrêté la vente de machines agricoles. Mon entreprise et mon exploitation ont été mises en société dont je ne suis plus le patron». Et si on indique qu'il perçoit une indemnité très correcte, de souligner «pour quelqu'un qui avait des activités comme les miennes, il y a un manque à gagner». Mais cela ne l'empêchera pas dimanche, d'aller soutenir l'équipe de basket du village dimanche ou de faire le plein de gazole..
Hommage
Le Petit Journal 24/06/2014|
Henri Tandonnet aux côtés de Raymond Soucaret
A la suite du décès de Raymond Soucaret quelques personnalités ont tenu à parler de celui qui avait mis sa carrière politique au service des agriculteurs, au service de sa commune
Michel Diefenbacher (président départemental de l'UMP ancien Président du Conseil Général) célèbre "Les vertus de l'élu rural"
« Raymond Soucaret incarnait mieux que quiconque les vertus de l’élu rural. Attaché à sa terre, aimant ses concitoyens, sachant donner leur dimension humaine à toutes les choses de la vie, il était toujours prêt à écouter, à comprendre et à servir. Au Sénat, il a apporté sa connaissance du terrain et sa force de caractère. Au Conseil Général, il a toujours fait preuve de sagesse et de lucidité. Dans la vie communale, il savait allier la compétence, le cœur et la persévérance. Une rencontre avec lui n’était jamais banale. Chaleureux, généreux, malicieux et fidèle, il était à l’image de ce Lot-et-Garonne qu’il aimait du plus profond de lui-même et qui ne l’oubliera jamais. »
Henri Tandonnet : sénateur de Lot et Garonne souligne " Sa vision positive de nos territoires ruraux"
"Je souhaite rendre hommage à Raymond Soucaret et dire combien je partage la lourde peine provoquée par son décès. Je souhaite lui exprimer ma profonde reconnaissance notamment pour son engagement politique.
Je présente mes plus sincères condoléances à son épouse et sa famille.
Autour de son épouse, c’est toute la famille de Francescas et celle du monde rural qui déplorent ce grand manque tant il a vécu une vie passionnée par le service public et le goût d’entreprendre.
Avec Daniel Soulage, nous avons eu la chance de lui succéder au Sénat. Nous nous sommes efforcés de défendre sa vision positive de nos territoires ruraux à laquelle il tenait tant.
Il restera le souvenir d’un homme de convictions, d’engagements, proche, très humain, toujours soucieux de rendre service mais aussi fin politique avec une vision de l’avenir et un sens d’entreprendre qui poussait les jeunes générations à aller de l’avant."
Lucien Chollet son collègue au Conseil Général, ancien maire de Duras évoque"son parler ardent et rocailleux"
"La forte personnalité de Raymond Soucaret au titre du Conseil Général mérite que l'on mette en évidence le souvenir de son occupation du siège du canton de Francescas à l'occasion des élections cantonales du 24 septembre 1967. Son entrée dans la salle des délibérations de la Préfecture ne suscita aucun commentaire mais dés que son parler ardent et rocailleux d'homme du Sud retentit sous les voûtes, tout le monde comprit que les problèmes techniques de l'agriculture ne tarderaient pas à intéresser l'assemblée départementale. C'est ce qui se passa lorsque Raymond nous annonça qu'il vendait des machines à vendanger. Il répondit gentiment et sans tapage à toutes les interrogations. L'arrivée des nouvelles machines aptes à supprimer la cueillette des raisins à la main emporta l'adhésion des vignerons.
Raymond était le suppléant du sénateur Bordeneuve décédé brutalement au cours de sa présidence du Conseil Général. Raymond fut appelé aussitôt à prendre sa succession au Sénat. La promotion de Raymond surprit quelques uns. Il y eut un froid dans l'Assemblée qui bientôt se transforma en murmures, mais tout se passa sans orages. Raymond acquit petit à petit la notoriété qui lui permit de renforcer ses liens avec les responsables secteur rural qui cherchaient à évoluer.
Ses attaches avec ses amis politiques ne l'empêchaient pas de répondre présent à tous les appels. Il déploya aussi le même dévouement dans le cadre des diverses missions que ses collègues de l'Assemblée lui confiaient.
La collaboration étroite avec son collègue François-Poncet aura beaucoup apporté au département.
L'autodidacte de la base avançant de concert avec un des plus hauts personnages de notre République est un spectacle que nous ne reverrons peut être plus, mais nous en conserverons longtemps le souvenir."
Décès de Raymond Soucaret : un père pour nombre de ses pairs
Raymond Soucaret « l’autodidacte » et Jean François-Poncet « l’intellec tuel »,
les deux Lot-et-Garonnais devenus sénateurs, ici, à l’occasion des élections sénatoriales du 27 septembre 1992.
Journal du Sud-Ouest (10/06/2014)
Suite au décès de l'ancien sénateur et maire de Francescas, dimanche, les hommages politiques se multiplient.
Raymond Soucaret entre François Léotard et Christian Lussagnet, à Agen.
Francescas, 685 habitants et tous les commerces et presque tous les services à disposition. Y compris lune des dernières stations-service rurale du département, la sienne
Raymond Soucaret a veillé sur son village de 1968 à 2014. À chaque menace de réduction dhoraires de La Poste ou, en 2010, quand la gendarmerie a fermé ses portes, il est monté au créneau, activant ses réseaux, nhésitant pas à écrire au ministère de lIntérieur, « montant » à Agen pour y rencontrer le préfet, les « autorités », comme il les appelait pour faire entendre la voix des ruraux
Mais sans esclandre, « sans afficher partout des pancartes que personne ne lit », disait-il, balayant ces initiatives dun geste de la main.
Cest dailleurs la défense des habitants de cette campagne quil chérissait tant qui est à lorigine « du seul désaccord que nous avions », se souvient Jean Dionis du Séjour : leau. Lancien sénateur estimait en effet que, lAgglomération, en prenant la compétence de leau, privait le syndicat Eau 47 dune partie de ses ressources et récupérait le bénéfice de travaux récemment engagés. « Mais même là, quand jallais le voir à la clinique, il tentait de trouver un point de compromis. Jamais, il nélevait la voix
», souligne le maire dAgen.
Inoxydable
Raymond Soucaret, Alain Lorenzelli, Corinne Griffond et Gilbert Fongaro,
lors d’une réunion du Parti radical valoisien en 2013
« Raymond Soucaret a eu le courage nécessaire pour finaliser Eau 47, et ainsi contribuer à sa réussite », livre Geneviève Le Lannic qui a succédé à lancien maire de Francescas en tant que présidente du syndicat, en mai dernier. Raymond Soucaret le présidait depuis 1971. Il sappelait alors « Syndicat des eaux Agen-Sud ». « Cétait un homme qui a su évoluer avec son temps, très sensible à laménagement du territoire et à la sauvegarde du service public. Il savait mettre son réseau de sénateur au service des Lot-et-Garonnais. Eau 47 tient à lui rendre un hommage tout particulier, car pour nous, cétait quelquun de particulier », indique la présidente dEau 47, arrivée à la tête de la structure avec la volonté farouche de poursuivre le travail de son prédécesseur.
La voix de Raymond Soucaret, si caractéristique, déjà évoquée, grave, forte, empreinte de cet accent inoubliable, Christian Lussagnet ne pensait pas un jour ne plus lentendre. « Je le considérais comme quelquun dinoxydable. » Lancien maire de Moncrabeau a pris sa succession au Conseil général en 2008, quand Raymond Soucaret a décidé de ne pas se représenter. « En 1982, alors quil se présentait pour la troisième fois, je lui ai proposé mes services pour la campagne », se souvient le conseiller général, toujours très proche de celui qui restera lemblématique maire de Francescas et de sa famille.
Homme politique, sportif, Raymond Soucaret était aussi un homme ingénieux, qui aimait à soccuper de technique. Son engagement au syndicat Eau 47 en témoigne.
Lors du trentième anniversaire d’Eau 47, le 14 avril 2011.Les routes le passionnaient aussi. Stéphane Baumont, auteur dune biographie récente (1), précise quil était, en tant que président de la commission départementale des routes, surnommé le « Tsar des routes ». « Un conseiller général, cest un levier », assurait Raymond Soucaret. Lui était reconnu comme particulièrement efficace en la matière. Cest dailleurs pour cela que la présidence du Conseil général lui a été proposée. « Mon épouse sy refusait et cest son avis qui a prédominé », cite Stéphane Baumont.
Un syndicat qu’il présida pendant plus de quarante ans.
Lors de l’inauguration de la foire d’Agen, en présence de Jean François-Poncet.