Publié le 10/06/2014, modifié le 10/06/2014 par Anne Gresser et Mathilde Curien
Francescas, 685 habitants et tous les commerces et presque tous les services à disposition. Y compris l'une des dernières stations-service rurale du département, la sienne… Raymond Soucaret a veillé sur son village de 1968 à 2014. À chaque menace de réduction d'horaires de La Poste ou, en 2010, quand la gendarmerie a fermé ses portes, il est monté au créneau, activant ses réseaux, n'hésitant pas à écrire au ministère de l'Intérieur, « montant » à Agen pour y rencontrer le préfet, les « autorités », comme il les appelait pour faire entendre la voix des ruraux… Mais sans esclandre, « sans afficher partout des pancartes que personne ne lit », disait-il, balayant ces initiatives d'un geste de la main.
C'est d'ailleurs la défense des habitants de cette campagne qu'il chérissait tant qui est à l'origine « du seul désaccord que nous avions », se souvient Jean Dionis du Séjour : l'eau. L'ancien sénateur estimait en effet que, l'Agglomération, en prenant la compétence de l'eau, privait le syndicat Eau 47 d'une partie de ses ressources et récupérait le bénéfice de travaux récemment engagés. « Mais même là, quand j'allais le voir à la clinique, il tentait de trouver un point de compromis. Jamais, il n'élevait la voix… », souligne le maire d'Agen.
« Inoxydable »
« Raymond Soucaret a eu le courage nécessaire pour finaliser Eau 47, et ainsi contribuer à sa réussite », livre Geneviève Le Lannic qui a succédé à l'ancien maire de Francescas en tant que présidente du syndicat, en mai dernier. Raymond Soucaret le présidait depuis 1971. Il s'appelait alors « Syndicat des eaux Agen-Sud ». « C'était un homme qui a su évoluer avec son temps, très sensible à l'aménagement du territoire et à la sauvegarde du service public. Il savait mettre son réseau de sénateur au service des Lot-et-Garonnais. Eau 47 tient à lui rendre un hommage tout particulier, car pour nous, c'était quelqu'un de particulier », indique la présidente d'Eau 47, arrivée à la tête de la structure avec la volonté farouche de poursuivre le travail de son prédécesseur.
La voix de Raymond Soucaret, si caractéristique, déjà évoquée, grave, forte, empreinte de cet accent inoubliable, Christian Lussagnet ne pensait pas un jour ne plus l'entendre. « Je le considérais comme quelqu'un d'inoxydable. » L'ancien maire de Moncrabeau a pris sa succession au Conseil général en 2008, quand Raymond Soucaret a décidé de ne pas se représenter. « En 1982, alors qu'il se présentait pour la troisième fois, je lui ai proposé mes services pour la campagne », se souvient le conseiller général, toujours très proche de celui qui restera l'emblématique maire de Francescas et de sa famille.
Homme politique, sportif, Raymond Soucaret était aussi un homme ingénieux, qui aimait à s'occuper de technique. Son engagement au syndicat Eau 47 en témoigne.
« Tsar des routes »
Les routes le passionnaient aussi. Stéphane Baumont, auteur d'une biographie récente (1), précise qu'il était, en tant que président de la commission départementale des routes, surnommé le « Tsar des routes ». « Un conseiller général, c'est un levier », assurait Raymond Soucaret. Lui était reconnu comme particulièrement efficace en la matière. C'est d'ailleurs pour cela que la présidence du Conseil général lui a été proposée. « Mon épouse s'y refusait et c'est son avis qui a prédominé », cite Stéphane Baumont.
Un dernier hommage sera rendu à cet homme aux multiples facettes « terriblement laïc, mais profondément croyant », selon Jean Dionis du Séjour, lors de ses obsèques jeudi, à 15 heures, en l'église de Francescas.
(1) « Raymond Soucaret ou le terroir au Sénat » aux éditions de l'Ixcéa.
Publié le 09/06/2014 à 06h00 , modifié le 09/06/2014 à 10h52 par Valérie Deymes
Porte-parole de la ruralité et du monde agricole, Raymond Soucaret s’est éteint hier, à l’âge de 90 ans
«Mon accent rocailleux, il est reconnu très loin. Je ne fais rien pour diminuer ou accentuer les “r”. Comme je ne m'entends pas parler, je reste naturel… »
Cet accent-là ne résonnera plus. Il s'est tu, hier, à l'aube. Emportant avec lui le Gascon humble et travailleur, l'élu fier de ses convictions, la figure emblématique du radicalisme rural lot-et-garonnais… Raymond Soucaret s'est éteint des suites d'une maladie, chez lui, dans son « païs », à Francescas, à l'âge de 90 ans.
Raymond Soucaret laissera avant tout l'image d'un homme profondément attaché au terroir et à la ruralité. Un monde rural, un terroir qui l'a vu naître en 1923 dans la commune du Nomdieu. Des études agricoles au lycée Fazanis de Tonneins, une mobilisation en 1943 pour les Chantiers de jeunesse de Nontron, il échappe de peu au STO grâce à l'intervention du Dr Esquirol, maire d'Agen, qui lui offre une opération… de l'appendicite. Il perd successivement père et mère en 1944 et 1946. Il a 23 ans. Il épouse Simone, qui l'accompagnera dans sa vie familiale mais également politique.
De Francescas à Paris
Il prend alors son destin en main et se lance dans le machinisme agricole et crée sa propre entreprise. Parallèlement, le jeune Soucaret croise de hautes figures politiques du département comme Gabriel Lapeyrusse ou Hubert Ruffe, et se forge un réseau et des convictions. Des convictions réunies dans les valeurs du Parti radical valoisien auquel il adhère dès 1944 et qu'il présidera en Lot-et-Garonne pendant plus de vingt ans, au point de devenir l'emblème du radicalisme dans le département : « L'herbe est trop courte lorsqu'un radical ne peut s'y accrocher », répétait-il souvent.
Il s'intéresse très tôt aux affaires municipales et devient, un peu malgré lui, maire de Francescas en 1968. Il ne lâchera l'écharpe tricolore de sa commune d'adoption qu'en mars 2014, renonçant à un nouveau mandat quand l'électorat local lui est pourtant acquis. L'âge est là. La fatigue aussi.
Raymond Soucaret, c'était aussi un engagement au sein de l'hémicycle départemental, conseiller général de Francescas pendant trente et un ans (1970-2001), président de la commission des routes, et surtout la voix de la ruralité sous les ors du palais du Luxembourg, sénateur de 1980 à 2001, aux côtés de son ami Jean François-Poncet. « Au Sénat, l'intellectuel, c'était Jean François-Poncet. Moi, j'étais l'autodidacte qui faisait remonter les problèmes du terrain », lâchait-il.
« Bon sens paysan »
Un terrain qu'il faisait résonner avec son « bon sens paysan », s'appliquant à faire entendre la voix des petits agriculteurs dans les instances parisiennes. Un bon sens paysan qui l'avait amené à se préoccuper de l'adduction en eau potable pour tout le département en créant le syndicat des eaux, Eau 47. Syndicat qu'il présida jusqu'en mars dernier, passant le relais à Geneviève Le Lannic.
Raymond Soucaret, c'était enfin un esprit vif où la ruralité ne signifie pas passéisme, mais bel et bien modernité. Une modernité où l'humain est au centre.
Aujourd'hui, élus politiques de tous bords, y compris ceux qui ont ferraillé avec lui, s'accordent pour lui rendre un hommage appuyé et unanime. Avec sa disparition, après celle de Jean François-Poncet, c'est tout un pan de l'histoire politique lot-et-garonnaise qui se tourne. Le « Monument », comme certains le qualifient, n'est plus, du moins au présent. Car le nom de Soucaret ne disparaîtra pas des archives lot-et-garonnaises.
Raymond Soucaret s'est étaint me 8 juin dernier. L'ancien maire de Francescas er sénateur était une figure emblématique du paysage politique lot-et-garonnais. En octobre dernier, il avait
accordé un interview à notre rédaction sur la politique locale actuelle.
C'était dans "sa" mairie que Raymond Soucaret nous avait accordé un etretein cet automne. Gauche, droite, Front National, les députés de nos circonsriptions ou encore les maires du département sont passés sous le feu éclairé de ses remarques. Et si le plus dur pour les hommes politiques, c'est de se souvenir de tout ce qu'il ne faut pas dire, Raymond Soucaret avait alors oublié la consigne......... En hommage à l'homme décédé le 8 Juin dernier dans la nuit, à l'âge de 90 ans, voici ce que cette figure emblématique du département pensait de la vie politique, non loin des législatives.....
La vie politique passé et présent
"Ca me nerve quand je vois la droite perdre. Si j'ai réussi à remporter mes mandats, c'est parce que je bénéficiais d'une forte aura dans le monde rurale. Mais ce monde a changé, il est plus urbain. Et quand je vois ce qui arrive aux municipales, je me dis que beaucoup de candidats promettent des choses qu'ils ne tiendront pas, et ils le savent."
Le Front National
"Le Front National a toujours eu des poussées quand le Partie socialiste était au pouvoir. (il a oublié que la poussé a commencée sous Sarkozy!) Et dans le département, on peut croire qu'ils progressent mais ce n'est pas vrai. Ils restent toujours au même niveau en nombre de voix. C'est abstention qui les fait monter. Et puis je saus par expérience qu'il y a beaucoup de communistes qui ont voté pour eux, comme ce qui s'est passé dans la commune de Lasserre."
Le cumul des mandats
"Moi qui ai été un grand cumulard, je veux bien croire qu'il y a eu des excès. Mais il est impossible de comparer les époques. Avant eu Conseil général ou régional, il n'y avait que quatre réunions par an, c'était tout à fait gérable. Maintenant avec la décentralisation, c'est plus compliqué. Mais je crois qu'il faut toujours avoir, pour un élu national, un mandat local, notament celui de maire."
La politique passé au crible
A propos de Lucette Lousteau, députée PS de la er circonscription Agen-Nérac:" J'ai été très
surpris qu'elle soit élue. je ne peux pas dire non plus que je m'attendais à mieux puisque je n'ai
pas voté pour elle."
A propos de Pierre Camani, président PS au Conseil général et sénateur du Lot-et-Garonne:"
Ah Cmani...........C'est un peu pus costaud, je dois reconnaître. Il a vraiment une très bonne
communication, même si je sais pas d'ou elle vient. Il doit être très bien entouré."
A porpos de Jean-Louis Costes, député UMP de la troisième circonscription de Lot-et-Garonne:"
Je pense qu'il a été élu par accident, c'est un Fumélois et pas un Villeveuvois. Il a fait son cake
(sic) au niveau de l'opposition au Conseil général et il l'a payé. Et la il va mettre la pagaille pour
les élections municipales. Si j'avais un conseil à lui donner, c'est de savoir avaler les couleuvres
et surtout de les digérer."
A propos de Mathhias Fekl, député PS de la deuxième circonsciption de Lot-et-Garonne:" C'est
la figure charismatique de notre département et peut-être de la nation. C'est un futur homme
d'Etat."
A propos d'Alain Merty, maire de Prayssas et conseiller général:" Il est vitime du travail qu'il a
effectué à la tête de l'oppostion au Conseil général. Il a vexé des peronnes, ce qui fait qu'ils
n'ont pas voté pour lui aux sénatoriales comme le maire du Passage ou de Bias."
A propos de Jean Dionis du Séjour, maire d'Agen:"Je n'ai aucune antipathie pour l'homme privé,
en revanche en ce qui concerne l'homme politique..........Nous avons encore aujourd'hui des
discussions houleuses concernant la gestion de l'eau. Mais c'est un ami, c'est un grand
politique et nous n'en avons pas beaucoup dans le département." (G.P.-B.)
Ex sénateur, ex-conseiller général et maire de Francescas pendant 46 ans, il était "la" figure radicale du département Lot-et-Garonne : Raymond Soucaret s'est éteint Raymond Soucaret a marqué le département par sa longévité politique.
© Photo
Thierry-Daniel Vidal
Son accent rocailleux, son "bon sens paysan" comme il aimait à le rappeler, vont laisser un grand vide dans le paysage politique lot-et-garonnais. Raymond Soucaret s'est éteint ce dimanche matin à 5 heures, à l'âge de 90 ans, des suites d'une maladie.
Celui qui a tenu les rênes de la mairie de Francescas de 1968 à 2014 se savait affaibli et n'avait pas signé pour six ans de plus aux dernières élections municipales.
Raymond Soucaret était né à Nomdieu à quelques kilomètres de Francescas devenue "sa" commune. Inscrit au parti radical valoisien depuis 1944 - parti qu'il présida pendant 20 ans en Lot-et-Garonne -, il en défendait les valeurs jusqu'au Sénat où il a appartenu pendant tout son mandat (1981-2001) au Rassemblement démocratique social européen.
L'élu de Francescas fut aussi conseiller général de 1970 à 2001 aux côtés de Bordeneuve, Andrieux, Brunet et François-Poncet.
Raymond Soucaret défendait la terre, la réalité agricole lot-et-garonnaise et a été pendant vingt ans la voix de la ruralité au Palais du Luxembourg. Il fait partie des politiques qui ont marqué le département de par sa longévité politique mais également de par son engagement infaillible.(Sud-Ouest)